Morceau de mur.

Hiver

C'est comme une envie d'ailleurs,
Un souffle qui s'insinue,
Un doute qui s'installe toujours grandissant.

C'est comme un matin sans soleil,
Immensité sans rivages,
Creux des vagues sans embruns.

C'est comme une marche dans le désert, sans fin,
S'abriter de ce qu'on est venu chercher,
S'en écarter et l'oublier, sans se retourner.

Perdition.

Lever de soleil perdu dans le néant,
Soleil hivernal éclairant sans réchauffer,
Comme les conseils de l'expérience,
Toujours plus nombreux, toujours plus simples,
Isolés dans la foule, les yeux hagards,
Ne comprenant rien, sachant tout expliquer,
Une voix qui se perd dans l'écho,
Créée par le vide et engloutie par lui,
Maître instable, grand seigneur perdant ses héros,
Glaces hivernales ingrates,
Comme un cri d'appel à l'aide qu'on oublie,
En se perdant dans les méandres de l'infini.

Incomplet.

Ses yeux se perdaient,
Dans les derniers grains de sables,
Illuminés par les rayons du soleil.
Son sang se déversait,
Goutte à goutte,
Sur la paille disposée au sol,
Le sablier approchait de son terme.

Les râles avaient cessés depuis des heures,
Le silence de l'homme parlait de lui-même,
Il n'avait d'autre sujet de conversation.
Le sable tombait, inexorablement.

Une porte s'ouvrit, grinçante,
Rompant l'équilibre précaire des lieux,
Alors qu'elle se précipitait,
Ses lèvres à la recherche des siennes,
Le dernier grain de sable chuta.

Baiser inachevé.


Croyance.
(2eme ex-aequo du concours de la Saint Ballotion du journal Ankama Times)

J'ai cru voir la fin de l'océan,
Quel vertige m'a pris alors que les eaux se jetaient,
Dans un vide infini ?
Sensation de vacillement.

J'ai cru entendre le chant des oiseaux,
Au plus haut des forêts tropicales,
Myriade de couleur qui s'envole à la moindre peur.
Sensation d'aveuglement.

J'ai cru sentir à nouveau les tartes de mon enfance,
Chaleur sucrée de douceur familiale,
Souvenirs fruités d'un temps désiré.
Sensation de nostalgie.

Mais peut-être n'ais-je vu que le vert de tes yeux,
Quand tu m'as dit je t'aime.

Nostalgie.

Rares moments emprunts de bonheur,
Nouveaux visages rencontrés,
Corps aimés étroitement enlacés,
Le temps de quelques heures,
Réapprendre à les connaître,
Déchiffrer leurs sourires,
Leur rendre le mien.

Retour à la réalité,
Alors que les larmes coulent,
Regarder le train qui va repartir,
Vouloir y plonger tous ces souvenirs,
Qu'ils partent là où seul un enfant saura les retrouver,
Loin, toujours plus loin du cœur,
Et pourtant leurs visages hantent ma vision,
Dans un sourire triste attraper ces moments,
Et rentrer avec eux, dans ma marche silencieuse.