Congès du 30 jouiller au 5 Fraouctor.Jour 1
Une traversée dangereuse.C’est tôt dans la matinée que je détachais Chocapic, ma dragodinde. C’est en lui donnant sa ration de goujons que je pût la monter. Inutile de penser à des propulseurs pour se déplacer, l’air n’est pas assez liquide, ces créatures étaient devenues mon nouveau moyen de locomotion.
Peu de gens étaient éveillés à Astrub, seuls les premiers pious à la recherche de la moindre graine à picorer. C’est en passant à travers les gardes d’Astrub que la traversée d’Amakna commença.
Des dizaines de disciples de Cra parcouraient le contour d’Astrub afin de pulvériser le moindre petit tofu. « Étrange. » pensai-je.
Passer par le château d’Allister semblait une meilleure idée. Entre des odeurs de pains, et d’excréments de dragodinde la traversée du château d’Amakna fût brève.
Après les bouftous, les crabes… Ces petites créatures me rappelaient le lieu de mon entretien, une angoisse commença a monter lorsque je vis le temple des disciples de Pandawa.
En rejoignant le champ des Ingalsses, je pris connaissance de la plupart des temples, un étalage de religions. L’heure où le soleil est au milieu du ciel, approchait. Il fallait trouver à manger. Un foëne suffit à terrasser un sanglier qui fût mon repas. Chocapic n’avait pas faim après cette traversée pour le moins fatigante. Brave créature.
Les champs de blé à perte de vue ce n’est qu’en poursuivant notre route que l’on voyait des arbres, une forêt. Les monstres qui l’occupaient étaient différents, il n’était plus question de voir des roses maléfiques, ou des paysans crasseux, les champs d’herbe dorée avaient laissé place aux premières créatures bipèdes que j’avais combattues en ce monde terrestre, les millimulous. Leurs yeux brillaient entre les chênes et ces arbres qui semblaient courber leurs branches pour m’attraper. Chocapic n’était pas rassurée par leur présence, je ne pouvais plus rester sur son dos, je la tenais par la selle, aux aguets du moindre individu nous voulant du mal. Deux arbres ainsi qu’un mélimélo s’avancèrent en notre direction. Il s’agissait des fameux abraknides qui composaient les tabourets de la permanence Selenyte. Du bois, qu’y a-t-il à craindre ? Le combat fût rapide, le milimulou tenta d'attraper Chocapic qui se cacha derrière moi, un coup d’épée le terrassa. Ce monstre trompa ma vigilance, les deux arbres mouvants avaient appelé des araknes à leur secours. Chocapic les dévora, et je fis de même des deux abranides, que la machoire à trois dents de mon föene pulvérisa.
C’est en arrivant devant un abri à familiers que je comprit que nous nous trouvions pas loin des rivages du glof de Sufokia, ville que nous pouvions voir depuis la terre.
Mon père Pichkaï m’attendait aux cotés d‘un zaap que je ne connaissais pas. L’heure, 22h30, marquait la fin de mon épopée.
Jour 2 à 6
Sufokia, entre mélancolie et chagrins.Il ne s’est rien passé de très intéressant à raconter à Sufokia, c’est pourquoi j’ai regroupé quatre jours en une seule partie.
Au petit matin c’est la douce mélodie des vagues qui fût mon réveil. Une chose que j’avais oublié en passant mes journées à Astrub. Mes parents dormaient encore, il n’était que 6h10, le soleil n’était pas encore levé, une teinte jaune éclairait le ciel, mais pas suffisamment pour entreprendre quoique ce soit, néanmoins Kiplouf avait hanté mes rêves, il fallait que j’utilise ce temps pour retourner sur les lieux de sa mort. Par chance ses parents étaient réveillés. ArkaChon, son père m’avoua qu’il avait énormément de mal à dormir depuis la mort de sa fille. La mort de sa fille était le sujet principal de notre discussion, il me racontait avec quelle tristesse sa femme réussissait à endurer la perte de son bébé.
Il était 8h15, quelqu’un tappa à la porte. Mon père furieux, ouvrant la porte sans attendre qu'Arkachon l’eût ouverte entièrement, se calma instantanément à ma vue.
« J’étais sûr de te trouver ici » s’écria-t-il.
Après avoir remercié le père de Kiplouf de m’avoir accueilli malgré l’heure, une main retint la porte que je m’apprêtais à fermer. SauchiChon, la mère de Kiplouf retenait la porte, son visage était usé par la tristesse, elle portait les traits d’une personne qui avait trop pleuré. La bouche tremblante, tentant de conserver son ton malgré des larmes que l’ont sentait monter, elle me tendit sans mot un pendentif ainsi qu’une enveloppe. Elle referma la porte aussitôt, peut-être ne voulait-elle pas pleurer devant moi.
« Allez, viens fiston » déclara mon père sur un ton las.
Les jours s’enchainaient, se suivaient et se ressemblaient. Il nous fallait fabriquer un nouveau hublot, la partie dorsale de notre submersible était déchirée par les rochers et nécessitait des soins particuliers.
Une journée comme les deux précédentes, des réparations…
Cette nuit là, du quatrième jour, je n’arrivais pas à dormir. Le vent marin caressait mon visage, le ronron continu des vagues me tenait éveillé. Je regardais le collier à mon cou et l’enveloppe entre mes mains que je n’osais ouvrir. Qui avait écrit la lettre, que contenait cette enveloppe ? Aucune importance, je ne voulais pas partager mes états d’âme avec mon entourage.
Kiplouf…Cette nuit fût mouvementé, une nuit comme celle où on croirait être aux cotés d’une personne qui nous est chère. Dans mon rêve Kiplouf était guérie, elle se tenait allongée dans mon lit et me serrait fort dans son sommeil, je sentais des larmes couler qui me réveillèrent. Ce n’était qu’un rêve, et le seul deuxième habitant de mon lit était mon oreiller, trempé de mes larmes, collé à mon torse.
Réveil à 9h du matin,
cinquième jour.
Mon père frappa la porte, avant de crier « Debout gros pataplouf ! ». Encore un de ces réveils magnifiques, j’aime mes parents.
C’est entre deux briochettes que je me suis aperçu de l’heure. Il était 9h27 dans un sursaut je tirai mon père par le bras pour retourner réparer notre machine.
« Du calme fiston, on est en avance, on aura surement fini avant la fin de la journée ! »
Nous avons fini les réparations aux alentours de midi, en attendant le repas, heureux de ma journée qui fût abrégée j’écrivis un message à mon Mentor, lui donnant de brèves nouvelles.
Quelle idée de se servir d’être vivants pour communiquer, comme si on attachait un message sur le front d’un disciple de Iop, un non-respect de la vie. Mais dans la continuité de ce non-respect de la vie, le tofu devait être une valeur plus sure, lui au moins avait une probabilité de retrouver son chemin, plus élevée que celle d’un Iop.
Cette nuit (
jour cinq) ressemblait fortement à la nuit précédente. Les gémissement de Kiplouf sur son lit de mort résonnaient dans ma tête.
« Je veux que tu accomplisses tes rêves.
je sais que tu as toujours rêvé d’être l’un de ces
pirates terrestres, je veux que tu arrives à en faire partie. ».
L’enveloppe posée sur ma table de chevet se souleva, déplacée par l’air de la mer d’Asse, comme si elle souhaitait me communiquer, comme pour me dire « Maintenant. ».
Après de longues minutes de réflexion, je détachais le jus de Trukikol qui fermait l’enveloppe de papier. Il s’agissait d’un message, et l’écriture était celle de Kiplouf. Un message que j'ai collé ici, mais que j'ai pris soin de recopier plus bas. Des larmes avaient rongé l'encre.
« Walter, voici un message que je voulais que ma mère te transmette si je ne devais jamais me relever de ce lit.
Je profite de ces moments où tu t’endors pour écrire le maximum.
Walter, te souviens-tu de ces journées que l’on passait sous les mers ? Te souviens-tu de ces journées où l’on s’amusait à rechercher des objets que l’on considérait comme des trésors alors que dans ce monde ils ne sont que babioles ? J’adore te regarder, j’adore te voir sourire. En ce moment, tu t’es endormi sur mes jambes, ta tête tournée dans ma direction, tu souris et j’ai l’impression que tu es heureux de me voir. Tu me rend heureuse, et mon corps faible ne sait que te déchirer le visage de tristesse et de mélancolie… Si tu savais à quel point je m’en veux d’être si fragile…
…
Walter, j’ai de plus en plus de mal à écrire, je dois respirer de plus en plus longuement avant d’écrire une phrase, le simple fait de tenir ce stylo d’encra’O m’épuise, je ne sais combien de ligne je vais pouvoir encore écrire…
Encore une nuit, je te caresse le front, je t’ai fait un bisou sur la joue et tu as sourit, mais tu dors toujours… J’aimerai te dire ce que je ressens pour toi, toi pour qui toutes mes caresses n’étaient que celles d’une amie, et le un simple bisou sur ta joue comme celui que je viens de te faire provoquait le frottement de ta main sur la zone infectée par mes lèvres…
Non… Jamais je n’oserai te dire ce que je ressens, et j’espère que jamais tu ne m’en voudras…
…
Walter, je ne me fais plus d’idées sur mon avenir, je pense que ta vie se fera sans moi, d’autres femmes me remplaceront, tous ces rêves que je me suis fait, où nous étions deux, puis trois… Je voulais être ta femme, et je voulais que nous donnions la vie. Tu es si beau, tu seras un bon père, mais jamais je ne pourrai être celle qui partagera ta vie… Je dois m’y résoudre.
J’ai compris en voyant la grimace de la femme aux ailes de moskito que mon destin était scellé, mon destin, sans toi…
Si j’avais su, je t’aurai tout dit avant, mais maintenant il est trop tard, il n’est plus que question de jours…
…
Walter, j’étouffe. J’ai de plus en plus de mal à écrire… Je dois bien choisir mes mots…
Walter, tu seras la seule personne que j’ai aimée pour de vrai, le seul qui dans mon cœur a su s’y trouver à l’aise. Walter, j’ai peur, je veux retourner sous l’eau avec toi, hier quand tu as demandé à ma mère « Pourquoi ne peut-on pas retourner sous les eaux ?! Elle va mourir ! » J’ai vu la souffrance dans les yeux de ma mère, je l’ai entendu répondre entre deux sanglots « Il ne veut pas. ». Qui ne veut pas ? Walter, j’ai tellement peur…
…
Walter, tu es là. Grâce à toi je n’ai plus peur. Tu m’as rendue heureuse. Walter, j’ai tellement de choses à te dire, mais je n’en ai pas la force physique… Walter, je veux que tu réalises tes rêves. Walter, je t’attendrai, prends ton temps, tu as toute la vie devant toi. Je ne veux pas que ce message te culpabilises. Je ne veux pas empêcher qu’une autre soit dans ton cœur, à la place où j’aurai voulu être.
…
Walter, je t’aime. »
Je n’ai pas envie de partager mes émotions suite à cette lettre, mais bizarrement, elle m’a plus réconfortée qu’achevé.
Ma nuit s’était résumée à regarder la mer, sombre. Mon imagination me rappelait Kiplouf, et Bolochon. Le fracas des vagues avait perdu cet attrait berçant. Elles n’étaient que chansons mélancoliques.
Kiplouf m’aimait, et je ne m’en suis pas aperçu.Les cris de ma mère me réveillèrent « Il est là !» hurlait-elle.
Il était temps pour moi de partir, mon père entreprit une discussion seul à seul.
Le soleil se positionnait à 11h41. Mon père me ramena là où les pierres de la ville de Sufokia et la terre se rejoignent, il ne marcha pas sur la terre.
Une fois sur son dos, Chocapic s’élança et les silhouettes de mes parents disparaissaient derrière les arbres. Je ne voulais pas prendre le Zaap « Rivages du golf Sufokien« , j’avais besoin d’écrire et un long retour me permettrait de décrire ce qui s’est passé à Sufokia.
Armé de mon stylo d’encra’O, c’est entre deux péripéties et des douleurs dans le bas dos que j’ai retracé l’histoire d’une semaine.