Allongée dans l'herbe, elle rêvait. Seule, la nuit lui semblait durer une éternitée. Son doigt volait au vent, dessinant la partition d'une symphonie imaginaire qu'elle se répétait dans sa tête, un fin sourire aux lèvres. Une méche de cheveux blonde lui frolait la poitrine, et ses yeux d'un noisette profond était clos, imaginant la beauté d'un monde sans homme. En seul fond musical, l'égouttement de l'eau d'un étang, proche d'elle. Sur ses épaules, une fine couverture en laine de bouftou. Ses yeux s'entrouvrirent, laissant perler la douceur de son âme innocente. Elle scruta l'horizon quelques secondes avant de se rendre à l'évidence : Un rève n'était qu'un rève. Silencieusement, elle se leva, laissant sa cape onduler légèrement au rythme de ce fin courant d'air. D'un geste bref, elle attrapa son casque, posé juste à côté d'elle dans l'herbe frémissante, et l'enfila aisément. Une symbiose entre la nature et la jeune femme, un instant magique où reflétait la bonté de ce monde. Une sincère harmonie, bien qu'éphémère. Sous cette nuitée étoilée, la jeune femme se mit à courir. Une raison particulière ? La libertée, et la joie d'être présente. Ces cheveux virvoltaient au rythme du vent, tandis que ses pas foulaient à vive allure ces herbes lui arrivant au genou. Les bras tendus en croix, elle souriait, seulement, son souffle se saccada rapidement, et bientôt, elle s'arrêta, hors d'haleine. Hormis sa respiration saccadée, pas un bruit, pas un sifflement. En temps normal, la solitude aurait dû la gagner, mais pas là. Elle savait très bien ce qui s'était passé, elle savait très bien qu'elle ne reverrait jamais les siens. Elle savait que tout cela n'était qu'un rève, et que son vrai corps gisait au cimetière de Bonta...