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 Les Ruines du Silence

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Lokisieg
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Lokisieg


Nombre de messages : 15
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Selenyte de grade : Les Ruines du Silence Mrien
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Date d'inscription : 13/08/2011

En Amakna
Identité:
Disciple de: Iop
Cercle et oméga: 183

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MessageSujet: Les Ruines du Silence   Les Ruines du Silence Icon_minitime9/18/2011, 15:26

Si toute chose a une fin, à quoi bon la commencer?
Si nous sommes déterminés à disparaitre, pourquoi exister?
A la fin des temps, il n'en restera rien .. Tout ne sera que poussière ..
N'y a-t-il donc aucun espoir pour nous qui luttons chaque jour dans la misère?
N'y aurait-il donc aucun échappatoire pour ceux qui veulent survivre?
Sont-il condamnés à voir leurs proches mourir?
Dans un proche avenir, tous seront confrontés à leur destin ..
Et alors, dans un souffle, tous sauront quelle sera leur fin ..


Voici mon histoire, celle de ma vie, ou plutôt de ce dont je me souviens. Je m'excuse par avance si certains passages peuvent paraitre flou, mes souvenirs sont quelques peu affectés ces derniers temps, et il m'est impossible de me souvenir de mon enfance et de ma vie jusqu'à ces derniers jours .. Néanmoins, je tiens à narrer mon arrivée sur les terres Amaknéennes. Voici mon récit, j'espère qu'il vous contentera :




Le silence d'un Dieu.



Un craquement, une lueur, et des ombres .. Je ne comprenais plus rien .. Tout n'était que sons et ombres .. Ma tête me faisait horriblement mal, on aurait dit qu'un troupeau de Boufmouth m'était passé dessus .. Je ne me sentais pas comme chez moi .. Où étais-je? Comment suis-je arrivé ici? Suis-je toujours en Amakna? Ma tête était sur le point d'exploser. La douleur devenant insupportable, je fini par tomber à genoux en me tenant la tête en gémissant.
Que m'arrivait-il? Aurais-je fâcher Iop dans mon ancienne vie, pour qu'il m'en veuille à ce point et me prive de souvenir? Que va-t-il advenir de moi? Où suis-je? Où suis-je ..

Lokisieg sombra dans l'inconscience. Non loin de là, une disciple de Xelor avait suivi la scène du jeune Iop gémissant à genoux. Ne sachant pas trop quoi faire, elle était restée en retrait, se contentant d'observer sans réagir. Ce n'est que quand l'étrange personnage tomba à terre inconscient qu'elle amorça la descente de l'arbre dans lequel elle s'était cachée.


- "Pffff, manquait plus que ça .. J'ai d'jà pas assez d'ennuis comme ça, faut en plus que j'm'occupe d'un débile de Iop qui sait plus marcher et qui s'tape un mal de crâne .. Fallait pas autant réfléchir, crâne de piou !"

La disciple de Xelor continua à râler contre les Iop et leur non-savoir-faire pendant qu'elle rassemblait de quoi faire un feu de camp. Une fois le bois rassemblé, elle s'écarta un peu et sembla se concentrer. Elle tendit la main vers le feu et prononça un mot :

- "Flamiche !"

Une flamme jaillit de la paume de la disciple de Xelor, venant s'écraser sur le bois qui flamba d'un coup. Contente de son travaille, la Xelorette se mit en quête de quelque chose à manger, en espérant que le Iop ne reste pas trop longtemps à ses côté .. La nuit tomba sur Amakna, laissant la Lune éclairer le monde de sa lumière blafarde.
Ce n'est qu'au petit matin que la disciple de Xelor -qui se nommait Grimao- remarqua les blessures du Iop. Des cicatrices à peine refermées ornaient le torse et le bras droit de Lokisieg, et on pourrait jurer qu'elles avaient la forme de l'épée de Iop. Sur le torse, la pointe de l'épée piquait la hanche droite, et le manche l'épaule gauche, plaçant ainsi l'épée en travers du corps du jeune guerrier. Sur le bras droit, la même cicatrice, plus petite et parcourant tout l'avant-bras.


- "Mais qu'est-ce que .."

Grimao était interloquée. Elle n'avait jamais vu de blessures de ce genre, et elle n'était pas Eniripsa. N'ayant aucun bandage sous la main, elle dû se résigner à prendre une partie des bandelettes qui recouvraient son corps pour protéger les blessures du jeune Iop.

- "Si on m'avait dit qu'un jour je donnerais volontiers mes bandelettes pour soigner un Iop, je me serais moi-même mit un coup de marteau sur la tête histoire de me sortir cette idée là du crâne .."

Une fois les bandages terminées, Grimao se mit à réfléchir. Elle ne pouvait pas rester là éternellement à s'occuper de ce Iop qui dormait, dormait et dormait encore. Elle avait d'autres projets, et elle ne pouvait pas les retarder plus que nécessaire. Elle écrivit alors une lettre à Lokisieg, afin qu'il puisse la lire à son réveil.

Grimao a écrit:

Petit Iop,

Si tu lis cette lettre, c'est que tu te sera enfin réveillé. Tu es dans la contrée d'Amakna, où l'on raconte partout toutes sortes de bêtises à en devenir bwork. Tu étais mal en point quand je t'ai trouvé hier soir, je t'ai donc soigné comme j'ai pu. Le reste ne concerne que toi. Ne prête pas trop attention à ce que l'on pourra te dire ou t'offrir par ici. Ce monde est rempli de gens qui auront d'autres intérêts que ta sécurité et ta santé.
Cela ne regarde que moi mais, si tu veux un bon conseil, voyage seul, toujours. Les amis, ça va et ça vient, mais ça repart surtout très vite ..

Je n'ai pas plus de choses à te dire. J'espère seulement qu'après tout le mal que je me suis donné pour te maintenir en vie tu fera l'effort de le rester ! On sait jamais hein, c'est pas pour être méchante mais t'es un Iop ..
Un jour, si tu as besoin d'aide, si tu penses être dans une situation délicate, appelles moi. J'ai laissé dans le sac prêt de toi un petit quelque chose qui te sera très utile pour me contacter .. Enfin, si tu arrive à t'y faire !

Voilà Petit Iop, notre route se sépare .. Pour l'instant ..


G.


Le temps passa .. Quelques sangliers vinrent fouiner au campement où Lokisieg était toujours inconscient. Pendant trois jours, le seul signe de vie perceptible était ce mouvement de va-et-viens de son torse, signe manifeste que le Iop respirait.
A la fin du troisième jour, le jeune guerrier grogna et commença à s'agiter dans son sommeil. Malheureusement pour lui, c'est à ce moment là qu'un Mulou se décida à s'aventurer vers le campement. Résultat, quand Lokisieg se réveilla, il se retrouva nez à nez avec le canidé. Fidèle à sa race, le Iop se releva d'un bond, et voulu empoigner son épée. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu'il n'avait plus d'arme. Ses mains se refermèrent dans le vide et il resta au dépourvu devant la bête.


- "Grrrmbl .. Si c'est comme ça .."

Se concentrant, Lokisieg bondit en arrière et fît apparaitre une multitude d'épées qui sortirent de terre et se dirigèrent vers le Mulou. Prit au dépourvu et croyant avoir à faire à une faible proie, le monstre ne pu esquiver l'attaque. Il se retrouva les quartes pattes en l'air, ne pouvant plus bouger.
Lokisieg se massa le coup en admirant le travail. Il regarda autour de lui, curieux de savoir où il avait dormit. Il ne connaissait pas cette terre, mais qu'importe ! Le temps perdu, c'est un temps pendant lequel on est à la merci des autres. Le Iop ramassa donc tout ce qui traînait à le campement se mit en route, sans remarquer qu'il emportait avec lui un sac qui n'était pas à lui, ni même qu'il avait des bandages au torse et au bras droit .. Ah ces Iops ..

Il marcha sans aucune idée du chemin à emprunter. Il se baladait gaiement en admirant tout ce qui l'entourait. Qu'il fût guidé par le destin ou autre, toujours est-il qu'il finit par apercevoir le Temple de Iop au bout du chemin qu'il empruntait alors. Intrigué, il entra dans l'édifice. La lumière du Soleil, filtrée par les vitraux, dessinaient une grande épée au sol. Le lieu était calme et il n'y avait pas un chacha dans les parages.
Il s'agenouilla afin de prier son Dieu, et ce n'est qu'à ce moment qu'il remarqua ses bandages. Curieux, ils les défis afin de voir ce qu'ils cachaient. Il fût frappé de stupeur en découvrant les balafres. Qu'avait-il donc pu bien faire pour que Iop le marque ainsi? Etait-il un paria, un banni? Tant de questions se bousculaient dans la tête de Lokisieg. Il ne savait pas où il était, ni ce qu'il était censé y faire .. Iop l'avait-il envoyé dans ce monde afin qu'il accomplisse sa volonté? Où l'avait-il simplement banni pour avoir commis un acte méprisable par le passé?

Le jeune guerrier était abattu. Il perdit toute combativité et son esprit parti à la dérive, notamment grâce à la bière d'Amakna. Nul ne sait combien de temps Lokisieg resta à la taverne du village. Chaque jour il commandait son lot de bière, et chaque soir il s'endormait sur la table. Sa morphologie commença même à changer. Il prit du ventre. Ses cheveux, d'ordinaire droits et d'un gris éclatant, commençaient à tomber sur le front du Iop et perdaient de leur éclat. Au bout de trois mois, alors que Raval commençait à s'échauffer afin d'assurer la protection de Septange, qui n'allait pas tarder à arriver, Lokisieg ne ressemblait quasiment plus du tout à un Iop tel qu'on les connait. Pour dire vrai, il ressemblait de plus en plus au tavernier. La vérité est qu'il avait perdu la foi. Iop ne lui parlait pas. Son propre Dieu restait silencieux. Comment recommencer une nouvelle existence alors que ce sentiment d'abandon restait, omniprésent.
Heureusement pour notre ami, arriva le jour et l'événement qui allaient le remettre sur le bon chemin. C'était pourtant un jour comme les autres. Lokisieg releva la tête de la table où il avait dormit et commanda à nouveau une dizaine de chopes pour la matinée. C'est alors que le sac à côté de lui bougea. Les brumes qui couvraient son esprit mirent un certain temps à se dissiper, et le jeune Iop comprit enfin qu'il s'agissait du sac qu'il avait emporté du campement avec lui. Cela semblait si loin .. Intrigué, il ouvrit le sac. Quelle ne fût pas sa surprise. Un familier était enfermé là-dedans depuis tout ce temps ! Une petite boule au poil blanc et gris aux reflets bleutés. Au fond du sac, on pouvait voir des miettes de nourriture, surement les restes de ses rations de survie.

Hélas, ce familier semblait très mal en point. Il devait être à court de nourriture depuis un moment, et il semblait sur le point de mourir. Bondissant de la chaise qu'il occupait depuis plusieurs mois, Lokisieg demanda au tavernier où il pourrait faire soigner la boule de poil. Le tavernier, surpris de voir un si bon client s'en aller dans une telle précipitation, lui indiqua une petite maison non loin de Sufokia, soit à l'autre bout de la contrée. Le jeune Iop allait devoir retrouver la forme, et très vite, s'il voulait sauver ce familier. Il n'avait plus le choix, Dieu ou pas, Iop allait devoir supporter Lokisieg encore un peu. Rassemblant ses forces et essayant de chasser les effets de l'alcool de son esprit, notre jeune ami s'élança en bondissant à travers la contrée.

Croyez le ou non, mais Iop ne semblait pas avoir abandonné Lokisieg. Notre ami parvint jusqu'à ladite maison prêt de Sufokia. Il s'écroula devant la porte d'entrée en suppliant le maitre des lieux de soigner ce petit animal, puis il s'endormit.
A son réveil, on lui expliqua que ce familier était un Cromeugnon, et qu'il allait devoir patienter encore quelques semaines avant que celui-ci ne soit complètement rétabli.
Le Iop hocha la tête. Il ne savait pas comment occuper ses journées. Son ombre s'étalait sur le mur de la maison, et il se rendit compte que cette silhouette grotesque et pataude n'était autre que la sienne. Relevant la tête, il couru jusqu'à la mer et se jeta dedans. En ressortant, il prit soin de défaire ses bandages pour les mettre à sécher. Il laissa le haut de son corps nu, afin d'être plus libre de ses mouvements.


- "Quelques semaines à attendre, hein? C'est partit pour l'entrainement alors !"

La flamme du combat s'alluma dans les yeux du jeune Iop, et il commença à s'entrainer ..

Iop un jour, Iop toujours, comme on dit. Deux semaines plus tard, Lokisieg avait retrouvé sa forme d'antan et le Cromeugnon était guéri. Le jeune guerrier décida de l'appeler Gilou. Ainsi, Lokisieg et Gilou repartirent vers Amakna, car le Iop rêvait à présent d'aventure et d'action, de combats endiablés .. Il poursuivit sa route après le village d'Amakna, et arriva finalement à Astrub.




Pour tout vous dire, Lokisieg lui-même ne connait pas son histoire. Il est amnésique voyez-vous. Seule une disciple de Xelor du nom de Grimao pourrait l'aider à se souvenir. Seulement notre jeune ami ignore tout de son existence. Il porte sur lui une lettre de cette Xelorette, mais il ne le sait pas encore. Après tout, c'est un Iop, faut pas trop lui en demander ..


Mais qu'en est-il de son histoire passée? La mémoire est brouillée et personne ne sait d'où vient ce jeune Iop.
Personne? Laissez moi vous compter son histoire .. Et elle commence il y a quelques temps, dans une contrée hostile et glaciale : Frigost.



Un cœur vaillant dans l'obscurité
Une larme, remplie d'éternité ..
Un flambeau, un souvenir,
Et le temps, s'effaçant avec un sourire ..

La forêt pétrifiée. Vestige d'un lieu autrefois luxuriant et plein de vie. Ici se déroula la bataille entre Jiva, protectrice de Javian, et Djaul, démon protecteur du mois de Descendre. Un lieu marqué par la haine et la jalousie. Un lieu dévasté par les querelles divines. Près de la cote, une lueur brillait. Un feu de camp, semblable à une lueur d'espoir au milieux de la désolation, était allumé. Autour de ce feu, trois formes immobiles, semblaient elles aussi pétrifiées avec la forêt. Le silence n'était perturbé que par le bruit du vent dans les branches désormais sans vie des arbres et le craquement du bois se consumant petit à petit. Les formes obscures ne semblaient manifester aucun de signe de vie, jusqu'à ce qu'un bruit se fasse entendre. Une sorte de ululement, bruit incongru dans cette partie de l'île de Frigost. Pourtant, les trois inconnus semblaient attendre ce bruit car de suite ils se levèrent, éteignirent le feu et partirent vers la côte. Peu après leur départ une autre forme, sautant d'arbre en arbre, suivit le même chemin et s'enfonça dans l'obscurité de la nuit. L'aube apparu, laissant voir de nombreux cadavres de gardes du Comte Harebourg éparpillés autour du camp que venait de quitter les vagabonds. Un soleil rouge se leva ..




Première partie : L'hiver éternel


Frigost. Île luxuriante, des champs à perte de vue, une agriculture abondante faisant concurrence à celle d'Amakna. C'était une île où il faisait bon vivre. Ses habitants vaquaient à leurs occupations habituelles, ne se souciant de rien. Mais la vie allait basculer pour eux, et aucun ne se doutait que d'ici peu ils devraient lutter pour leur survie. Niché au sommet du Mont Torrideau, le château du Comte Harebourg inspirait le respect à tous les Frigostiens. En effet, le Comte était une personne tout à fait remarquable. Xelor de part nature, il excellait dans la fabrication de montres en tout genre. On racontait partout qu'il égalait Xelor lui-même quand il s'agissait de manipuler le temps. Il avait par ailleurs remit en question plusieurs des principes de son propre dieu.
Hélas, il vivait seul, ne croyant qu'en un amour unique et transcendant. Il avait repoussé toutes les femmes qui l'avaient approché, toutes celles qui ne s'intéressaient à lui que pour son titre et sa renommée. Il vivait donc reclus dans son château au point culminant de l'île, continuant ses travaux et ses expériences dans la plus grande discrétion. D'aucun ne pensait qu'il serait capable de nuire à la nation Frigostienne. Et pourtant .. Jiva, belle déesse protectrice de Javian, eu vent de ses talents d'horloger. Elle vint à lui avec une proposition : construire une Clepsydre, machine capable de voler des heures à Djaul pour les donner à elle, afin que l'hiver soit moins rude et le printemps plus vivace. Succombant au charme de la magnifique déesse, Harebourg fabriqua ladite machine. Son amour allait le conduire à sa perte ..

Au dessus des magnifiques champs de l'île, un vent glacial fit tomber la neige sur les récoltes. Djaul, ayant eu vent des machinations de Jiva, se rendit au château du Comte afin de se débarrasser de lui. Trouvant Harebourg devant la Clepsydre, attendant la déesse, il eu une idée. Il inversa le processus de la machine et enferma l'île toute entière dans une trame temporelle hivernale. L'hiver éternel s'abattit sur Frigost, qui devint un lieu de désolation et de misère. Harebourg fût banni et détesté par tous, tenu pour responsable de ce désastre. Seuls quelques fidèles restèrent avec lui en haut du Mont Torrideau, et nul ne sait s'ils ont réussi à survivre depuis lors ..
Et le temps poursuit son cours, Frigost tomba peu à peu dans l'oublie, devin un mythe .. Tous oublièrent que cette île fut une des plus majestueuse de ce monde, tous oublièrent que quelque part au Nord-Ouest d'Amakna se trouvait un continent désormais hostile où les gens se battaient contre la nature chaque jour pour survivre. Tous oublièrent, et le temps passa ..




Deuxième partie : Le messager


Tous oublièrent? Non pas tous, car Jiva tenta par deux fois d'envoyer un messager vers Amakna. Hélas, la trame temporelle dans laquelle se trouvait Frigost empêchait toute tentative. Lorsque qu'un Frigostien sortait de la zone temporelle, il recevait le poids des saisons qu'il n'avait pas eu à subir sur son île, et mourrait sur l'instant, vieillard décharné et épuisé. Par miracle, le message arriva au Port de Madestram, enfermé dans une bouteille. La rumeur d'une mystérieuse île enchainée dans la glace depuis des décennies parcourue toute la contrée en une journée à peine. Tous les aventuriers ayant soif de nouveaux combats, de nouvelles contrées à découvrir, coururent vers le bateau à destination de Frigost.
Et ce fût la ruée. Par millier ils débarquèrent sur le quai recouvert de neige du port de givre. Par millier ils explorèrent l'île, découvrant les champs de glace, le lac gelé, la forêt des pins perdus. Ils affrontèrent des monstres pour le moins surprenant, car ils avaient dû eux aussi s'adapter au climat de l'île. Bientôt une autre rumeur parvint aux oreilles des aventuriers. Celui qui était responsable de la glaciation de l'île se cachait tout en haut de la seule montagne de Frigost : le Mont Torrideau. Tous les Frigostiens murmuraient des paroles d'espoir envers les aventuriers. Tous voulaient qu'ils entreprennent l'ascension du pique pour y dénicher le Comte Harebourg et mettre fin à l'Hiver Éternel.

Quoi de plus alléchant que la gloire et la renommée pour un aventurier? Sans parler d'une promesse de combats épiques dans des territoires inexplorés et hostiles? Depuis lors, tous essayent d'atteindre le château de Comte. Mais la route est semée d'embuches, et nul n'y est encore parvenu ..


Un vent glacial balaye tout espoir,
Et la vie lentement s'enfuie, illusoire ..
Un coeur vaillant chavire dans l'obscurité,
Et d'un souffle, tend vers la vérité ..


L'histoire qui va suivre n'est écrit dans aucun livre, car personne n'a eu connaissance des faits que je vais vous raconter. Ce que je sais, je le tiens de mes ancêtres, et mes ancêtres de leurs ancêtres. Alors écoutez bien, car le temps de la connaissance est arrivé ..




Troisième partie : La fuite


Bonta - 15 Aperirel 641


Un soleil rose pâle lançait ses derniers rayons de chaleur sur la cité blanche. Les derniers marchands finissaient de ranger leurs affaires avant d'aller dormir pour la nuit, et les enfants rentraient en courant chez eux, la faim au ventre. La vie semblait paisible et bienheureuse pour tous dans Bonta. Et pourtant ..
Au cœur de la Tour des Ordres, au premier sous-sol, se trouvait la bibliothèque et les archives de la cité. Nul n'y venait jamais, les araknes avaient tissé leurs toiles un peu partout, et l'endroit restait en général inoccupé. Inoccupé? Au fond de la salle, on pouvait apercevoir les ombres dansantes que projetait la lueur d'une lanterne. Quelqu'un, plongé dans la lecture de documents officiels, semblait ne pas vouloir que l'on découvre sa présence en ces lieux. Encapuchonné avec un long manteau marron quelque peu usé, l'inconnu ne prêtait pas à la sympathie. On pouvait voir la forme caractéristique d'un pommeau d'épée qui faisant un renflement dans les plis du tissu, et une ride de consternation et de réflexion se dessinait de temps en temps sur son front.
C'était un disciple de Iop, abordant sur les épaulettes le blason de l'ordre du Cœur Vaillant. Il semblait chercher en vain un nom dans le registre des habitants de la cité :


- "Nom de Iop, pourquoi n'est-il pas inscrit .. J'ai passé la journée à chercher sans trouver la moindre trace de lui .."

Ce jeune Iop se nommait Lokisieg. D'aucun dirait que c'était un brillant officier de son Ordre, et d'autres murmuraient qu'il n'avait aucun talent et qu'il ferait mieux de laisser sa place à quelqu'un le méritant. Lokisieg faisait fit de ces remarques de mauvaises langues. Il ne vivait que pour défendre la cité blanche contre les démons, peu importe ce que pouvaient en dire les autres. Il faisait la fierté des autres disciples de Iop, car il était un fin stratège, ainsi qu'un épéiste hors pair. D'un naturel taciturne, il parlait peu et semblait toujours absorbé par des problèmes trop complexe pour ses subordonnés. La vérité est que Lokisieg était à la recherche de sa famille. Nul ne savait d'où il venait. Il était arrivé un soir embrumé à la porte de la cité pour demander asile, amnésique et portant des vêtements inappropriés au climat modéré de la contrée. Les gardes, voyant une blessure saignant abondamment sur son crâne, eurent pitié de lui et le laissèrent entrer.
Au fil des mois, il appris à vivre parmi les Bontariens. Un jour où il se promenait dans la ville, il aperçu la Tour de l'Ordre. L'endroit lui plut aussitôt, tant il resplendissait de fierté et d'autorité. Il y revint le lendemain afin de déposer sa candidature pour l'ordre du Cœur Vaillant, et sa vie prit une nouvelle tournure .. Mais revenons à nos bouftous. Lokisieg cherchait un nom, une indication, n'importe quoi qui lui rappellerait vaguement quelque chose au sujet de sa famille qu'il avait oublié. Il gardait toujours sur lui l'écharpe qu'il avait quand il était arrivé à Bonta. Elle était encore tachée de sang, mais portait agréablement chaud lors des tours de garde sur les murailles de la cité.
Son seul indice de sa vie passée se résumait à cette écharpe. D'où venait-il? Qui était-il? Qui était ses parents? Ces questions résonnaient sans cesse dans sa tête, mais nulle réponse ne lui parvenait en écho .. Soupirant de frustration, Lokisieg remit l'épais livre sur son étagère, soulevant au passage quelques grammes de poussière.


- "Je reviendrais demain, tant pis .."

Il n'imaginait pas un seul instant qu'il ne pourrait jamais revenir en ce lieu ..

Le bruit d'une lame s'abattant sur la porte de la maison réveilla Lokisieg. Machinalement, il empoigna son épée et s'avança vers l'entrée. Des cris résonnaient au dehors, et il pouvait voir la lueur des flammes à travers les fenêtres. Se tapissant dans l'ombre d'une alcôve, il attendit. La porte vola en éclat, ne résistant plus sous la puissance des coups, et notre jeune ami vu débouler par l'entrée toute une garnison de son propre ordre. Il s'avança vers eux, croyant à un malentendu.

- "C'est pas vraiment une manière de réveiller son capitaine, vous ne croyez pas?"

Un garde s'avança sans un mot et lui tendit un parchemin. Lokisieg en parcouru rapidement le contenu, abasourdis. On l'accusait de falsification. On l'accusait d'avoir caché d'où il venait, et par la même occasion, on l'accusait d'espionnage pour une contrée dont le nom lui était parfaitement inconnu : Frigost.

Ne réfléchissant pas, il s'élança d'un bond par dessus les gardes et tenta de s'enfuir vers les portes de la ville, ne pouvant contrer ces accusations sans preuves. Hélas, tout son ordre l'attendait devant les grades portes du Nord. Il se rendit et fut conduit aux prisons de la ville. C'était un endroit grouillant de rats et infesté par la pourriture due à l'humidité. On le jeta dans une des cellules les plus éloigné de l'entrée, soit une des plus humide ..
Lokisieg entendu alors un bruit de chaine. Quelqu'un d'autre partageait la cellule avec lui. S'approchant lentement, il aperçu le visage d'un autre disciple de Iop à travers un rayon de lune, plus jeune que lui, qui lui souriait tristement.


- "Lokisieg c'est ça? T'es pas mal connu dans l'genre .. Moi c'est Zoyan, enchanté. Prêt à sortir d'ici?"
- "Pardon?"
- "Hum, cherche pas à comprendre, admire !"

Il sortit alors une minuscule lame de sous sa chemise, et lança une tempête de puissance sur le mur de la prison. Les pierres volèrent en éclat et un trou béant apparu dans le mur qui retenait nos deux amis prisonniers. Ils s'enfuirent en bondissant jusqu'aux remparts Sud de la ville. La seule trace de leur évasion par cet endroit fut la découverte de deux gardes inconscients derrière un arbre de la Forêt des Troolls. Ainsi commença leur périple ..



Quatrième partie : l'exil



Quoi de plus sombre que l'ignorance?
Quoi de plus profond que le silence?
A trop pleurer, on en oublie la vérité ..
Et le temps s'écoule, déterminé ..
Toi qui m'écoute, entend ceci,
Car il est temps d'apprendre la vie.
A chaque moment de désespoir,
Chante, danse, ne te perd pas dans le noir ..



Quelques part en Amakna - 17 Aperirel 641


Nul ne retrouva la trace des deux fuyards, et bientôt la réputation autrefois glorieuse de Lokisieg au seins de la milice Bontarienne fut bafouée et démentie. Nul doute qu'on avait déjà effacé son nom des livres de mémoire. Mais cela importait peu à notre jeune ami pour le moment. En fuite depuis deux jours en compagnie du dénommé Zoyan, il avait d'autres préoccupations en tête. Il semblerait qu'une personne soit plus informé que lui-même sur son passé, et cela faisait deux jours qu'il pensait à ce lieu, Frigost. Zoyan lui apprit qu'il s'agissait d'une île nouvellement découverte, une terre glaciale et inhospitalière où tous les fougueux aventuriers allaient pour y trouver l'aventure. Lokisieg s'interrogeait sur son étrange compagnon. Il ne savait rien de lui, si ce n'est son nom. Il ne savait pas pourquoi il était en prison ni pourquoi il l'avait aidé à s'enfuir. Ils avaient passé ces dernières 48h à courir sans vraiment se reposer, abattant un bouftou par ci par là afin de manger ..
Quand ils cessèrent enfin de courir, ils se trouvaient dans un endroit inconnu de Lokisieg ..


- "Où sommes-nous?"

Son compagnon sourit d'un air triste et répondit :

- "Ah oui pardon, j'en oublie mes bonnes manières .. Bienvenue dans la région des Lacs Enchantés, perdue quelque part au Sud-Ouest d'Astrub."

- "Et maintenant dis moi, pourquoi m'avoir aider à m'échapper? Comment connais-tu mon nom? Et avant tout, qui es tu?"

- "Patience mon ami, tu auras tes réponses en temps voulu ! Nous camperons ici pour la nuit puis nous repartirons demain à l'aube. Je voudrais arriver au Zaap du village des éleveurs avant que tout le monde soit debout."

Comprenant ses intentions, Lokisieg en resta là. Pour le moment du moins ..


Un ciel obscurcis .. Un vent glacial balayant le blé qui commençait déjà à flétrir sous la morsure du froid ..
Les plaintes lancinantes des gens mourants peu à peu de froid et de faim .. La mort, partout la mort ..
Au loin, les lumières d'un château dansaient devant ses yeux .. Mais quel était ce lieu ..


Lokisieg dormit mal cette nuit, des images qui le hantaient depuis son amnésie revenaient, plus réelles que jamais. Plus il s'interrogeait, plus son attirance vers l'île de Frigost augmentait. Il lui fallait rejoindre cette île, par n'importe quel moyen.


- "Quelle tête tu tire mon ami !" lança Zoyan au réveil.

- "Laisse donc ma tête tranquille, et mettons nous en route." répondit Lokisieg, taciturne.

Ils atteignirent le Zaap du village des éleveurs au levé du soleil, ce qui leur permit de l'emprunter sans que personne ne puisse les voir. C'est un Lokisieg abasourdis qui ressortit du Zaap en voyant leur destination : Brâkmar. D'un signe de tête, Zoyan l'invita à le suivre. Rabattant ton capuchon sur sa tête et essayant de cacher ses ailes Bontariennes du mieux qu'il le pouvait, Lokisieg emprunta les rues de la cité sombre avec prudence. Ils arrivèrent à une petite maison sans signe distinctif particulier. L'ancien capitaine lança un regard interrogatif à son ami. Celui-là eu un petit sourire amusé, mais ne fit pas de commentaire.
Tout à coup, la porte de la maison s'ouvrit à la volée, laissant apparaitre une disciple de Feca, tout de violet vêtue, le regarde flamboyant et déterminé.


- "Ah bah enfin, z'en avez mit du temps, f'foutiez quoi?! Salut beau gosse, moi c'est Elhea !"

Elle fit rentrer Zoyan à coup de pied aux fesses et rentra elle-même dans la maison, laissant la porte ouverte. Curieux, Lokisieg franchi à son tour la porte de la demeure ..



Cinquième partie : la rencontre d'Elhea et de Kochito



Aléatoire furent nos premiers pas, Hasardeux est notre chemin, Immatérielle sera notre Destinée. (Proverbe Ecaflip.)

Brâkmar - 18 Aperirel 641


Le soleil ne semblait pas vouloir faire acte de présence au dessus de la cité sombre. Nul rayon de lumière pour se réveiller le matin. Seulement la lueur rougeoyante de la lave entourant les remparts de la cité et parcourant la ville. Les pensées tout aussi sombres que l'environnement où il se trouvait, Lokisieg restait dans son lit, pensif, écoutant Elhea user de sa douce voix pour faire comprendre à Zoyan comment faire cuir de la viande de Kanigrou selon ses préférences ..
« Drôle de petit bout de femme que cette Elhea, pensait-il, ce pauvre Zoyan est obligé de lui masser les pieds tous les matins, de récurer le sol de la maison, de faire la cuisine, les poussières, et toutes les corvées qu'elle juge nécessaire .. Sacré caractère .. »
Ainsi rêvassait-il pendant qu'en effet, Zoyan courbait sous le poids des tâches ménagères que lui imposait Elhea. C'était une jeune disciple de Feca d'environ 19 ans. Fière, forte de caractère et sûre d'elle, elle passe le plus clair de son temps à pousser des hurlements avec sa douce et mélodieuse voix pour se faire entendre et obéir. Nullement gâtée, elle semblait pouvoir se débrouiller toute seule quand cela est nécessaire. Portant des habits violets en accord avec ses yeux, elle ne mâchait pas ses mots et savait imposer son avis par la force s'il le fallait.


- "Tiens Zoyan, de retour."

Un autre disciple de Feca venait d'entrer dans la pièce. De taille banale, les vêtements d'un vert foncé, il paraissait plutôt robuste, et semblait avoir le même âge ou presque qu'Elhea. Il passa devant Lokisieg sans y prêter attention, se dirigea vers la cuisine et déposa de la viande fraîchement chassée. Elhea le regarda passer sans rien dire, bien que l'on puisse distinguer quelques rides de contrariété sur son visage. Sa colère ne tarda pas à éclater, car bientôt on pu entendre dans tout Brâkmar :

- "KOCHI !!! T'ÉTAIS PASSE OU? HEINNNN?!!! TU VOIS PAS QU'ON A UN INVITE !" lui hurla-t-elle discrètement dans l'oreille.

S'évanouissant sous l'effet sonore, le prénommé Kochi tomba à terre, non loin d'un Zoyan dépité et d'un Lokisieg quelque peu surpris. Elhea partit calmer sa fureur sur la viande que venait de rapporter son condisciple, et l'heure qui suivit sembla fort déplaire à Zoyan. Peut-être était-ce le corps inanimé de Kochi qui le perturbait autant, ou alors le bruit d'un couteau qu'on aiguisait qui parvenait à ses oreilles depuis la cuisine ..
Ce ne fut qu'en milieu d'après-midi que l'inanimé s'anima. Il se releva, entreprit de se masser les tempes pour chasser un mal de crâne et avança vers Lokisieg :


- "Tu dois être Lokisieg je suppose? J'vais t'appeler Loki si ça t'dérange pas. Moi c'est Kochito."

Avant même que notre jeune ami Iop puisse répondre, Kochito alla s'assoir sur le bord de la fenêtre et ne pipa mot durant le reste de la journée. Tout cela semblait faire partie du quotidien dans cette maison, et Lokisieg apprit très vite à s'y faire et à apporter sa contribution. Des questions quand à son exil et son sauvetage restaient toujours sans réponse, mais il avait appris la valeur de la patience et il savait que le sujet viendrait dans une discussion tôt ou tard.

Et c'est en effet le soir même pendant le repas que le sujet fût entamé. Elhea, assise sans pudeur en tailleur sur son tabouret (Alors qu'elle portait une jupe ..), regardait pensivement Lokisieg en mâchonnant une cuisse de Tofu :


- "Bon, tu dois te d'mander pourquoi l'autre Bébé Iop t'as amené ici j'suppose? Hein? Ouais j'me doute bien. Boarf pour tout t'dire c'juste qu'on a besoin d'un p'tit coup d'pouce de ta part, et y s'trouve que ça pourrait t'aider aussi, alors j'ai dis à Zoyan d'aller s'faire emprisonner à Bonta histoire de t'sortir de là."

Lokisieg semblait dubitatif .. Une chose le tracassait ..

- "Et comment avez-vous su que j'allais me faire enfermer à mon tour dans cette prison? Je faisais partie de la Milice de Bonta, il y avait peu de chance pour que je m'y trouve quotidiennement."

- "Et tu crois qu'elles viennent d'où les rumeurs qui ont conduit à t'accuser de trahison et tout l'tralala, hein? Fallait bien qu'on t'sorte de là t'étais en train de foutre ta vie en l'air. Suffisait d'envoyer un tofu anonyme à la Milice avec quelques infos sur toi, et l'tour était joué !"

Lokisieg était interloqué. Il avait devant lui les responsables de son exil, mais n'arrivait pas à leur en éprouver une quelconque rancune.

- "Vous ne m'avez pas tout dit. Dites moi ce que vous savez sur moi et sur mon passé. Et dites moi en quoi je pourrais vous aider."

- "Humf, on va pas dormir d'la nuit .." lança Elhea en jetant un regard entendu à Kochito et Zoyan.

Ses deux amis hochèrent la tête et s'installèrent plus confortablement afin de commencer la discussion qui allait changer leur vie à tous ..

Leur discussion prit en effet une grande partie de la nuit, et le Soleil éclairait à peine la contrée de ses rayons roses pâles quand nos amis partirent se coucher. Quelle avait été cette discussion? Personne n'en sut jamais rien. Le lendemain, tous étaient levés à l'aurore, en tenue de voyage, les sacs bien remplis et les épées, dagues et autres bâtons, bien affutés.
Lokisieg, Zoyan et Kochito attendaient devant la petite maison. Kochito semblait perdu dans ses pensées, Zoyan courrait après une sousouris, et Lokisieg était appuyé contre la balustrade d'un enclos, mâchonnant un brin d'herbe.

Ils attendaient Elhea. Cette dernière sortie enfin de la maison, ses habits habituellement violets remplacés par une tenue de voyage brun et ocre. Ses trois compagnons voyaient bien qu'elle était triste, mais aucun ne se risquerait à aller la réconforter. C'était comme ça avec Elhea. Plus tu cogne plus elle t'apprécie, moins tu cogne plus elle s'en cogne de toi. Sacrée bout d'femme ..
Elle était triste de quitter sa maison, et vous me direz "Oui mais elle reviendra dedans un jour c'est pas grave !". Et bien sachez qu'aucun de nos amis n'était sûr de rentrer chez lui un jour. Ils partaient pour Frigost, et le continent réservait bien des surprises aux aventuriers. C'était un voyage risqué qu'ils avaient préparé à la hâte. Le temps jouait contre eux et il fallait qu'ils se rendent au plus vite là où tout avait commencé.

Je vous passe les détails, sachez seulement qu'ils arrivèrent tous saints et saufs sur Frigost. Mais peut-être aurait-il mieux fallut qu'ils rebroussent chemin ..




Fin de la Sixième Partie et fin du Prélude



Ce n'est pas parce que l'on a un pied dans la tombe qu'il faut se laisser marcher sur l'autre. (Proverbe Feca.)



Journal de Zoyan

Frigost - 25 Aperirel 641

Aujourd'hui, Elhea semblait de meilleure humeur. Bien sûr, ce n'est pas vraiment ce que l'on pourrait appeler une "bonne humeur" chez une personne normal. Elle ne m'a juste pas encore tapé dessus, ni crié d'ailleurs ..

Nous formons un drôle de cortège à nous quatre, deux disciples de Iop et deux disciples de Feca, il y a de quoi se poser des questions. Mais même entouré de mes compagnons, la solitude me pèse. Malgré la présence de Loki, j'ai l'impression d'être le seul Iop à bord de cette galère. Il faut dire que l'autre Iop est pas du genre très bavard. Il reste tout le temps enfermé dans son silence, ne parlant que lorsque qu'on lui pause une question -et encore faut-il que la question soit digne de son intérêt- et c'est tout.

Bref ! Voilà maintenant trois jours que nous marchons dans la neige et le froid. Pour un petit Iop comme moi, le voyage commence à être un peu rude. Kochito lui, comme à son habitude, reste peu bavard également. Il n'y a qu'Elhea pour injurier copieusement le vent de temps en temps.

Aujourd'hui n'ai pas été une journée comme les autres. Jouant avec un caillou, Elhea a réussi à l'envoyé en plein dans le crâne d'un Boufmouth qui passait par là. Croyez-le ou non mais ce dernier s'est mit à nous courir après pendant un sacré bout de temps. Elhea rigolait, Kochito marmonnait dans sa barbe naissante, et moi je commençais à paniquer .. Mais Lokisieg mit fin à l'événement en envoyant valser la boule de poil à coups d'épée de Iop bien placés.
Cela calma Elhea d'un coup, et nous repartîmes en silence dans le brouillard naissant. Ce voyage commence à devenir légèrement éprouvant ..

Mais bon, je garde le sourire, notre destination est en vue ! Le Mont Torrideau ! Enfin !




Journal de d'Elhea

Frigost - 30 Aperirel 641

Et bordel de nouille, il a fallut qu'on franchisse cette maudite chaine de montagne qui sépare l'île en deux ..
On a perdu l'Bébé Iop. Ce foutu Zoyan a absolument tenu à rester en arrière pour retenir des vieux fantômes minables qui voulaient nous empêcher d'passer. Nan mais j'vous jure ..
On est plus qu'trois maintenant. C'est un peu la misère, si j'peux dire ça comme ça. Kochi et Loki parlent jamais, j'm'enmerde sévère, enfin bref.

On a établi not' campement dans le Village Enseveli, histoire de s'mettre un peu à l'abri. Enfin sans plus, impossible d'entrer dans ces cabanes enneigées. C'est remplis d'neige. Pas chouette comme ambiance.
D'min on attaque l'ascension du Mont Torrideau, on verra bien si y a du monde par là-haut, parce qu'ici, c'est mort !
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