En haut d'une montagne, une cape repose sur une hache rouillée

Dans un monde sans couleur, peint uniquement de noir et de blanc, l'espoir, les rêves et la joie ne peuvent exister. Seuls les êtres au cœur empli de bonheur et aux songes colorés peuvent redonner vie au tableau sinistre qu'est leur univers.


Le doux souffle nocturne caressait la longue chevelure de la fée. Elle ne bougeait pas, fixant l'horizon brumeux au bord d'une haute montagne des plaines de Cania. A ses côtés, la large hache maintenant rouillée de son amie était plantée dans le sol, la cape de la petite guerrière reposant sur le manche. Elle était seul, et aucun son n'osait briser le silence pesant qui régnait sur la scène. Ses yeux se fermèrent et elle se remémora. Sa vie, ses aventures. Ses rencontres, ses amis. Aregan, Elyanah. Ses réussites, ses échecs. Les Selenyte, Néodyme.
Danma.
Son changement.
Sa promesse.
Cette promesse... Elle l'avait tenu depuis le jour où le destin prit l'être qu'elle aimait. Si Eniripsa ne voulait pas l'aider à soigner celui qui était toute sa passion, alors elle ne devait aider à guérir personne. Elle avait tenu cette promesse jusqu'au bout. Elle même changeait, se transformait. Mais elle ne voulait pas guérir. Alors elle continuait de se souvenir. De ses combats, de ce qu'elle infligeait. De ses peines, de ce qu'on lui infligeait.
De Seetry...
Elles étaient pareil, le même vide au fond de leurs âmes. Complémentaires. Sans doute était-elle celle qui pouvait la soigner. Sans doute elle même aurait rompu sa promesse pour son amie. Elles pouvaient survivre à tout. Ensemble. Si la froide étreinte n'avait pas emporté ce renouveau, cette nouvelle vie.
Ses souvenirs commençaient à s'éteindre. Le reste n'est qu'indifférence, mélancolie, douleur, honte. Inerte.

Ses paupières se rouvraient, doucement. Elle regardait ses mains, noires, ce qu'elle était devenu. Une main se posait sur chacune de ses épaules. Elle ne se retournait pas. C'était eux deux. Les seuls qu'elle était capable de transporter dans son cœur fermé. Une larme coulait doucement sur son visage, laissant dans son sillage une peau d'un blanc pur.

Alors elle ferma de nouveau les yeux, et se laissa tomber. Ses paupières étaient closes, mais elle se voyait distinctement en face d'elle. La peau d'un blanc pur et une longue trainée noire sur la joue. Elle murmura ses derniers adieux, dont seul le vent pouvait être témoin.

Dans un monde sans couleur, peint uniquement de noir et de blanc, l'espoir, les rêves et la joie ne peuvent exister. Seuls les êtres au cœur empli de bonheur et aux songes colorés peuvent redonner vie au tableau sinistre qu'est leur univers.
Mais lorsque l'inverse se produit, qu'en est-il ?


Avant qu'elle n'atteigne le sol, Leena avait totalement disparu, ne restant de son corps qu'une fine fumée de poussière, mélange d'un blanc pur et d'un noir de jais.

Je suis désolée, je ne vais pas pouvoir tenir ma promesse.