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 La Légende de Drasah, l'ami du Vent

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Drasah
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Drasah


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Selenyte de grade : La Légende de Drasah, l'ami du Vent Mrien
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En Amakna
Identité: Drasah
Disciple de: Ecaflip
Cercle et oméga: 200

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MessageSujet: La Légende de Drasah, l'ami du Vent   La Légende de Drasah, l'ami du Vent Icon_minitime9/6/2010, 07:18

C'est une sombre et une bien étrange histoire que vous vous apprêtez à entendre. Certains pensent la connaître, d'autres en ont entendu des bribes, d'autres encore, sans doute les plus sages, pensent qu'elle est trop vaste pour être connue d'un seul homme. Elle débute pourtant comme de nombreuses histoires : dans une taverne, au beau milieu d'Astrub. Quel lieu féerique ! Sur la scène, un disciple de Feca et une disciple de Sadida offrent un petit air de musique. Tout le monde les entend et personne ne les écoute. Des bagares, de la bière qui coule à flot, des insultes à gauche, un ivrogne et une serveuse dans un coin sombre à droite, un tavernier trop occupé à servir à boire et un peuple trop occupé à noyer ses soucis dans ce liquide ambré. Tous étaient trop occupés pour apercevoir le personnage principal de cette histoire, de notre histoire. Pourtant, comment pourrait-on ne pas le voir ? Il était là, assis au beau milieu de la taverne, seul à une table, buvant tranquillement sa bière. Un observateur avisé aurait probablement reconnu que, dans le vacarme infernal de la taverne, cet homme n'était que silence et harmonie ; dans le vacarme infernal de la taverne, Drasah observait. Mais nous, nous sommes des observateurs avisés et vous, vous qui m'écoutez, vous mourrez d'envie d'aller vous asseoir sur ce tabouret à trois pieds que tout le monde a laissé vide à côté du disciple écaflip. Bien. Après tout, vous êtes maîtres de votre propre destin. Approchez-vous donc et ignorez le regard noir et plein de mépris que Drasah vous enverra quand vous irez vous asseoir à ses côtés et posez-lui la question. La seule et unique question qui puisse vous sauver de ce regard asassin :

Voudriez-vous bien me raconter l'histoire ?

Naturellement, il vous regardera l'air interloqué, faisant mine de ne pas savoir de quoi vous voulez parler. Il ajoutera peut-être un geste las de la main, vous faisant signe de vous éloigner parce que vous l'importunez. Mais résister, soyez plus fort que cette peur qui vous écrase le coeur et les tripes et qui vous prend à la gorge quand vus crosez son regard. Soyez plus fort et posez lui la seconde question, celle qui doit suivre la première et qui indique que vous êtes bien informé :

Qui êtes-vous ?

Là, Drasah changera radicalement de comportement. Il ne fera plus semblant de ne pas comprendre, il ne fera plus semblant de vous mépriser : vous l'intéressez. Il vous scrutera alors pendant un certain temps. Une minute, cinq minutes, une heure ? Les nombreuses versions divergent sur ce point. N'ayez pas peur de soutenir son regard, car vous n'êtes pas un faible. N'ayez pas peur de rester assis quand votre corps vous ordonne de partir, car vous n'êtes pas un faible. N'ayez pas peur de poser la troisième question :

Puis-je entendre l'histoire ?

A partir de ce moment là, Drasah ne vous considérera probablement plus comme un étranger. N'espérez ps non plus être son ami, personne ne le peut et ceux qui le sont vraiment sont trop intelligents pour le crier sur tous les toits. Vous serez une oreille et rien de plus qu'une oreille ce soir. Mais une oreille méritant d'entendre l'histoire, une oreille méritant d'entendre la légende.

Après vous avoir commandé une bière en glissant quelques kamas dans la main du tavernier et après avoir bu quelques gorgées de cette boisson ancestrale, Drasah vous scrutera à nouveau puis il ouvrira la bouche, prononcera ses premiers mots de la soiréeet, à partir de cet instant, vous êtes sous le charme, vous êtes envoûtés. Vous prennez part à la légende.

"Bonjour étranger,
Vous êtes apparemment venu pour que je vous raconte l'histoire, mon histoire. Je ne sais qui vous a envoyé et je ne veux pas le savoir. Je ne sais quel est votre nom et ça ne m'intéresse pas. Vous me semblez digne d'entendre ce que j'ai à vous dire alors intallez-vous confortablement et écoutez-moi bien. J'ai achevé de nombreux monstres et affronté les plus grands guerriers de cette terre. J'ai erré sur les chemins les plus sombres de ce monde et rencontré des créatures qui n'existent même pas dans vos cauchemars. J'ai fait l'amour avec des dizaines de femmes et je n'en ai aimé qu'une seule. J'ai fait couler le sang à un âge où l'on joue encore avec sa peluche de bouftou. J'ai défié les lois de la gravité et de la logique et je suis l'ami du vent. Mon nom est Drasah, vous avez dû entendre parler de moi."

Cette phrase vous a achevé. Vous n'êtes plus capable de bouger ni de parler. Bien sûr que vous avez déjà entendu parler de lui, sa légende circule dans le monde des douzes depuis des années et, après la légende des Dofus, celle de Drasah l'écaflip est la plus connue et la plus racontée sur les routes. Les ménestrels la content aux mariages, les parents la racontent à leurs enfants qui l'apprendront à leurs enfants qui, à leur tour, perpétuernt la légende. Nul ne connaît la vérité, certains disent que cet écaflip n'est qu'un mythe, qu'il n'existe pas mais vous, vous qui êtes là, vous qui êtes avides d'informations, vous savez que les mythes n'existent pas. Les légendes ont toujours un fond de vérité et, même si l'on raconte que Drasah a été bercé par Spiritia, le dragon multicolore d'Osamodas, vous voulez découvrir la vérité qui a créé la légende.
Alors vous faites exactement ce qu'il vous a dit : vous prennez tranquillement votre bière, vous vous installez au mieux sur votre tabouret et vous ne quittez pas ses yeux, de peur qu'il disparaisse. Vous êtes prêt.

"Mon histoire, ma propre histoire, commence le 3 janvian 612. Un jour comme les autres, Djaul vient d'abandonner Descendre et Jiva vient de prendre place dans son mois bien à elle. Le soleil brille et commence à faire fondre les plus grosses plaques de glace. Les habitants de Bonta, habitués au bruit et à l'animation qui règnent dans la ville, ne se rendent pas compte que, dans un des lits de la milice, un petit garçon vient de pousser son premier cri. Les légendes disent que c'est un cri de désespoir car ma mère vient de mourir en me donnant la vie, d'autres encore parlent d'un cri de vengeance. Soyons réalistes, je n'ai que quelques minutes : c'était un cri de nouveau-né. J'aurai l'occasion de me vanter plus tard, ici, je ne suis qu'un mioche, déjà lié à un destin extraordinaire. Je sais que vous connaissez l'horreur qui entoure ma naissance, qui ne la connaît pas ?, mais je me dois de tout raconter.
Ma mère, Setrac, disciple d'écaflip avait été violée quelques mois auparavant alors qu'elle fauchait dans les champs qui entourent Bonta. Un raid brakmarien comme un autre : de la violence, du viol, du sang. Setrac est alors tombée enceinte et dans le coma. Un coma profond fait de cauchemars, de fièvre et de délires. Elle était soignée tant bien que mal à la milice mais les espoirs étaient maigres pour elle, comme pour moi. Cependant, en cette soirée de 2 janvian, ma mère retrouva tous ses esprits et demanda qu'on aille quérir Amayiro. Difficile de refuser quelque chose à une mourante, encore plus dur à un femme enceinte. S'en est suivi un long conciliabules entre les deux dont rien ne filtra. Quelques heures plus tard, le soleil se levait sur Bonta et je venais de voir le jour. Ma mère mourut quelques minutes après m'avoir donné mon prénom : "Drasah".

J'ai été recueilli par l'orphelinat de la milice de Bonta et j'ai grandi dans une la plus parfaite des traditions bontaises. Ou du moins, c'est ce qu'ils croient. A l'âge de 8 ans, je menais déjà une double vie : le jour, j'étais ce petit garçon exceptionnellement doué pour les arts de la guerre qui s'entrainait dur comme fer ; la nuit, j'étais le nain masqué qui ruinait les hommes les plus dangereux de la cité au Poker, Black-jack et autre jeux de cartes. C'est d'ailleurs peu après avoir remporté quatre cents mille kamas que j'ai tué mon premier homme. Il m'accusait de tricherie et me provoquait en duel. Il s'agissait de Brozak, un homme dont les avant-bras avaient la taille de mes cuisses et dont la puissance égalait aisément la bêtise. Je n'avais pas triché, pas cette fois-ci. Nous nous sommes retrouvés dans une ruelle un peu plus loin et un combat sanglant et violent s'en est suivi. Après plus de quinze minutes de lutte, je lui enfonçai mon poignard dans le côté gauche de la gorge avant de le ramener vers le centre pour lui trancher sa glande thyroïdienne. Il était mort avant de toucher le sol. Je l'ai dépouillé puis suis rentré chez moi. J'aurais aimé dire que j'ai pleuré pendant des heures en contemplant mes mains tâchées de sang, que j'ai hurlé mon dégoût du monde et de sa violence mais il n'en est rien. J'ai gardé mes larmes et ma rage pour une occasion qui en vaudrait la peine. Cette nuit-là, j'ai quitté l'enfance.

Pendant les mois qui ont suivi, je n'ai fait que progresser, encore et encore. J'avais appris le métier de bûcheron pour me donner une raison valable de rôder dans les bois qui ceinturent Bonta. Je cherchais et décimais du Trool et de l'érable. A part cela, j'étais un étudiant comme les autres, ou presque. Mes notes étaient remarquables, ma technique au combat, parfaitement rôdée, toutes ces choses qui faisaient de moi un étudiant adoré par ses professeurs et détesté par les autres enfants. A l'âge de 12 ans, comme tous les autres, j'ai choisi le dieu que j'allais servir. Je ne pense pas que vous ayez vraiment besoin d'explications sur mon choix de servir Ecaflip.

Je voudrais revenir sur ma vie nocturne. Elle m'a permis de gagner quelques kamas et de progresser rapidement en termes de combat et de connaissance du genre humain. J'ai fait couler le sang de nombreuses fois après Brozak, sans la moindre tristesse ou émotion quelconque. J'escaladais les murs pour fuir les gangs, je sautais de toit en toit pour disparaître et, à l'âge de 12 ans, j'étais déjà connu et redouté dans les quartiers les plus dangereux de Bonta. Mais peu m'importait, j'étais ce que je voulais et nul ne me dictait quoi faire.
Quelques mois avant mon anniversaire, j'ai eu une altercation avec Amayiro. Je ne sais comment mais il était au courant de mes petites habitudes nocturnes et m'a ordonné d'arrêter. Pour couronner le tout, il m'avait flanqué deux miliciens qui me suivaient partout et tout le temps. Ca n'a pas duré deux semaines que je n'en pouvais déjà plus, je me sentais étouffé, limité. C'est à cette époque que j'ai décidé de quitter Bonta. Je n'avais pas grand chose à prendre avec moi : quelques kamas, une cape et une coiffe. Rien de formidable si l'on n'y ajoutait pas une Griffe rose entièrent réalisée par mes petites mains.

Je n'ai jamais su ce qui s'était passé après mon départ et je m'en moque bien. Les seules fois où je suis retourné à Bonta, c'était pour affaires et je n'ai jamais reparlé à Amayiro."

Il vous faudra bien cinq minutes avant de réaliser que Drasah s'est arrêté de parler. Vous êtes envoûté et vous en voulez plus mais vous ne voulez pas le brusquer, de peur qu'il ne vous tue ou, pire, qu'il arrête son histoire. Alors vous attendez en essayant de ne pas trop dévoiler votre impatience. Inutile naturellement de vouloir lui cacher quelque chose sur le genre humain. Il vous observe de longues minutes, sûrement les plus longues de votre vie puis murmure : Je ferais peut-être bien de continuer, je ne voudrais pas voir s'éteindre cette flamme qui brille dans vos yeux.

"C'est assez dur d'aborder la partie qui va suivre. C'est celle qui détermine tout et si je ne vous ai pas encore tué, c'est à cause de l'homme qui va bientôt prendre sa place dans l'histoire.."

- Jilano !

Vous n'avez pas pu vous en empêcher. Vous connaissez certaines parties de la légende de Drasah, certaines bribes qui vous sont parvenues et que votre esprit a estimé vraisemblables de garder en mémoire. Vous savez qui est l'homme qui va entrer en scène et, sans vouloir mal faire, vous avez prononcé son nom. Vous n'auriez pas dû. A l'instant même où ces trois petites syllabes ont quitté vos lèvres, vous avez compris que vous n'auriez jamais dû. Vous transpirez, vous tremblez et quand les doigts de Drasah se posent sur le manche de ses dagues, vous ne pouvez empêcher cette larme qui vient de s'échapper de votre oeil. Puis il soupire, range son arme et vous regarde. Il ne vous regarde pas vous, il regarde en vous. Puis il recommence son histoire, vous n'avez pas compris ce qui vient de se passer. Combien de temps cela a-t-il duré ? Pourquoi êtes-vous toujours en vie ? Vous ne savez pas, vous ne comprennez pas. Mais pouvez-vous vraiment comprendre ? Au fond, c'est lui la légende...

"Pour aborder celui que vous avez si justement nommé, il me faut expliquer ce qui s'est passé depuis mon départ de Bonta. Quand j'ai quitté la ville et ait fait route vers le sud, je pensais sincèrement que tout serait simple car je savais me battre. Quelle bêtise... J'ai erré pendant des mois, me nourrissant de graines de pavot et de bouts de blop. J'ai commencé à perdre espoir, je voulais rentrer à Bonta mais mon honneur me l'interdisait, je ne pouvais pas, je préférais mourir sur place. Quelques jours après le début de ma dépression, j'ai découvert un passage dans les montagnes qui menait vers la zone des koalaks. J'avais bien étudié ma géographie à l'école et ma connaissance du monde dépassait de loin le savoir moyen. Je savais également que cette zone était nettement plus dangereuse que les Plaines de Cania. Un jour, alors que je marchais tranquillement, il est apparu derrière moi sans un bruit. Quand il a posé sa main sur mon épaule, j'aurais du crier, m'enfuir, avoir peur mais non, rien de tout cela ne s'est produit. Il a plongé ses yeux d'un bleu profond dans les miens et a murmuré, comme le vent, des paroles qui vrillent encore dans mes oreilles :

"Veux-tu être mon disciple jeune Chaton, non, ne réponds pas tout de suite. Si tu me dis oui, il s'en suivra une formation de trois ans avec pour seule échapatoire : la mort. Je lis dans tes yeux une question simple à laquelle je vais répondre. Si tu deviens mon disciple, je t'apprendrai à escalader les plus hautes tours, à faire du silence une seconde nature, à faire du vent un ami unique et à comprendre son murmure. Je t'apprendrai à vivre. Je peux t'aider Drasah, et oui, je connais ton prénom, je peux t'aider à sortir de l'éternel questionnement dans lequel tu erres depuis des mois."

Je n'oublierai jamais ces mots. J'ai accepté et il a tenu sa promesse. Il a fait de moi un disciple hors du commun et, après deux ans auprès de lui, j'étais devenu une machine à tuer. Mais pire, une machine silencieuse. Jilano m'emmenait souvent au sommet des montagnes des Koalaks, là où le vent souffle si fort qu'on ne peut s'y tenir debout. Il le pouvait. Je le peux. C'était un endroit merveilleux où discuter avec le vent. Jilano expliquait souvent, lorsque nous étions simplement assis à discuter, qu'un jour, je devrais moi aussi trouver mon propre endroit pour parler avec le vent. Que chaque personne a son propre endroit, choisi par le vent lui-même. Je me demandais souvent où serait l'endroit que le vent m'avait choisi. Je ne pouvais pas encore me douter que ce serait un endroit aussi fabuleux."

Drasah s'arrête encore. Vous êtes agacé mais vous n'en montrez rien. Votre impatience et votre soif de savoir vous tue et pourtant, vous ne pouvez qu'attendre en silence. Le disciple d'Ecaflip ajoutera ces quelques mots :

"Vous ne pouvez comprendre ce que signifie discuter avec le vent si vous n'avez jamais essayé. Le vent est le meilleur ami qui soit car il est toujours présent, partout. Il sait tout, voit tout et sent tout. Avec lui, vous n'êtes jamais abandonné. Avec lui, vous êtes vous-même car il est inutile d'essayer de mentir au vent et d'essayer d'être autre chose que vous même. Dans la vie d'un homme, il peut arriver qu'il ne se retrouve pas, qu'il ne se connaisse pas. Le vent, lui, vous connait toujours."

Cette fois-ci, vous êtes plus malin, vous levez la main pour demander la parole et quand Drasah vous l'offre sur un simple signe de tête, vous demandez d'une voix hasardeuse :

"Est-ce le vent qui vous a appris à lire en chacun ? Est-ce le vent qui vou a appris à défier la gravité ?"

Le regard de Drasah en dit long sur l'importance qu'il accorde à votre question : il s'en moque. La réponse est oui, c'est plus qu'évident et vous ne savez trop quoi dire pour vous rattraper et pour paraître moins stupide. Après réflexion, vous vous taisez. C'était, en effet, la meilleure des choses à faire.

"Malheureusement, les plus belles choses ne durent jamais. Jilano a été trahi par un de ses amis : nous sommes tombés dans une embuscade. Mon maître a balayé les aggresseurs avec une facilité impressionnante. Tellement impressionnante que ça m'a même tiré un sourire. Sourire bien éphémère. Après avoir écrasé son talon sur la nuque de notre, ou plutôt de son, dernier adversaire, il me regarda d'un air grave avant de retirer une petite flèche enfoncée dans son omoplate.

- Poison. Il me reste trois heures à vivre, voire moins.

Ces quelques mots ont effacé mon sourire mais je n'ai pas pleuré. Je savais qu'il utiliserait ces trois heures pour m'enseigner quelque chose. Et j'avais raison ; nous avons philosophé pendant une heure sur l'harmonie qui devait guider nos actes, la balance entre le bien et le mal. Et le vent. Nous avons parlé du vent. La deuxième heure, nous l'avons passée à revoir ce que j'avais appris en terme de combat et de connaissances pures sur notre monde, ses plantes, ses créatures et ses armes. J'étais devenu une véritable encyclopédie. La troisième heure... la troisième heure fut la plus dure pour moi. J'ai regardé mon Maître sombrer dans le délire, sombrer dans le coma. Sombrer dans la mort. Quand il poussa son dernier souffle, je me sentais envahi par la colère, la haine et la vengeance. Je savais que ce n'était pas ce qu'il attendait de moi alors je suis monté haut, très haut dans les montagnes koalaks pour discuter avec le vent, pour le sentir m'apaiser. Quand vous êtes l'ami du vent, il n'y a rien de plus agréable que de le sentir vous nettoyer complètement, il vient en vous, vous calme et vous console. Il vous aide et vous aime car, plus que n'importe qui, vous êtes son ami. Lorsque le vent est venu en moi ce jour-là, j'ai compris que nous étions liés pour la vie.

Après plus de trente heures, j'étais fin prêt. Je me sentais mieux, lavé de toutes tristesse et plein de connaissance sur le monde. Cependant, je restais plein d'une méfiance incroyable par rapport au genre humain et je m'étais promis de ne faire confiance à personne.

Les six mois qui ont suivi sont les plus obscurs de ma vie. Tout ce qui m'importait, c'était les kamas car, dans le monde, rien n'est plus objectif qu'un kama. J'ai été payé par des hommes pour tuer, j'ai reçu de l'argent pour transporter de la drogue de Sufokia a Brakmar, j'ai assassiné sans pitié des hommes riches et malhonnêtes. Le sang giclait, je ne me posais aucune question. Tuer était devenu un acte banal comme certains font l'amour sans sentiment ou d'autres se brossent les dents. Après ces six mois, j'ai eu dix-sept ans. Ca a tout changé. Vous le savez, vous connaissez l'histoire. Le jour de mon dix-septième anniversaire, j'étais sur l'île d'Otomaï pour fournir sa résine de charme à un habitant du village de l'arbre. Lorsque les kamas ont tinté dans ma main, lorsque son sourire reconnaissant et ses yeux vides m'ont remercié, j'ai tout compris. Le villageois a fermé sa porteet une énorme bourrasque de vent est venue me caresser la peau. Tout l'enseignement de Jilano prenait enfin un sens. L'harmonie, le silence, le vent. Je me suis enfoncé un peu plus dans les profondeurs de l'arbre et je me suis déshabillé. Réduit au plus simple appareil, je me suis approché du bord de la plateforme. Puis j'ai sauté. Je savais à quel point c'était dangereux mais cela m'affectait guère. J'ai sauté. Ma chute a duré près de cinq minutes avant que le vent vrille assez fort dans mes oreilles. J'avais sauté. J'avais compris. J'ai effectué un quart de tour, évitant in extremis une branche qui, avec ma vitesse, m'aurait achevé, j'ai tendu le bras droit, attrapé une liane et pivoté autour de ce dernier pour m'élancer à nouveau dans les airs. J'ai effectué cet exercice une vingtaine de fois avant d'atteindre doucement le sol. Un paquet d monstres m'attendaient : Bitouf sombres, Broutures, même les Tynrils étaient sortis de leur laboratoire pour m'observer. Quand mes deux pieds ont touché le sol, tous m'ont regardé d'un air avide et gourmand. J'ai à peine bougé ; j'ai levé le bras gauche, paume en avant et j'ai murmuré quelques formules écaflip. A l'arrière, un des Tynrils s'effondrait. J'ai défié les quinze autres créatures du regard pendant quelques secondes avant de le voir s'éloigner lentement. J'étais donc là, au beau milieu de la jungle obscure, nu et en paix.

Il m'a fallu quelques heures pour retrouver mes affaires et je me suis alors souvenu des paroles de Jilano : il fallait que je trouve mon propre endroit où discuter avec le vent. Je suis alors monté en haut de l'arbre Hakam, là où le vent souffle fort et où l'on peut, par beau temps, apercevoir les tours de Bonta. Et j'ai médité. Une bonne trentaine d'heures à nouveau, avec des pauses toutes les cinq heures où je sautais dans le vide. De branches en branches, me balançant, crochetant, pivotant et m'élançant, je sentais le vent qui me chantait sa mélodie.

J'avais quitté l'enfance quelques années auparavant. A nouveau, j'avais tourné une page importante."

Encore un... Encore un temps d'arrêt. Drasah ne vous accorde pas un regard cette fois-ci, il vous juge ni ne vous jauge du regard. Il se tourne simplement vers le tavernier qui, sur un simple regard de l'écaflip, abandonnne ses autres clients.

- Une autre bière s'il te plait. Et tu en mettras une pour monsieur aussi, sur mon compte.

Vous ne savez quoi dire, vous ne voulez pas boire mais écouter, boire ses mots à lui, à cette étrange créature connue dans le monde entier mais pourtant inconnue de tous. Les bières arrivent, Drasah boit tranquillement. Aucune loi de la société ne semble l'affecter: il est sa propre loi.

"Je pourrais dire qu'après ce changement ma vie est devenue parfaite, au service de la veuve et de l'orphelin. C'est faux, naturellement. J'ai poursuivi mes activités de dealer tout en réduisant mes activités meurtrières. Après quelques mois ou quelques semaines, je ne tuais presque plus et je cherchais un autre emploi. J'ai rapidement trouvé quelque chose pour moi. Une créature terrorisait les gens dans les Landes de Sidimote et personne n'osait s'en approcher car elle rôdait souvent autour de Gisgoul et tout le monde pensait qu'elle était un démon envoyé par Rushu. Ce n'était pas si loin de la vérité. Avec le temps, j'étais devenu un Maître forgeron et, m'équipant de plus belles lames, je me suis mis en chasse.
Le vent m'a aidé, guidant mes pas et me soufflant des indices. Trouver la créature n'a pas été très dur, elle faisait un vacarme épouvantable et avait la taille de deux tavernes. Mais quelle créature ! Un monstre, gigantesque, de feu et d'or, ravageant tout sur son passage. Ses yeux ressemblaient à deux volcans en éruption. Je l'ai observée longtemps, je ne sais pas combien de temps mais je sais qu'au final, j'étais prêt. Je me sui avancé, saisi ma lame d'or et enfilé mes gants de cuir. J'ai attrapé ses moustaches, des grands fouets de feu, et m'en suis servi comme des lianes. Je me suis balancé, encore et encore, provoquant la furie de l'animal puis, d'un balancement plus marqué du bassin accompagné d'une vrille, juste pour le style, je me suis retrouvé sur son front, invisible pour la bête. Je suis resté là, sans bouger, une dizaine de minutes, faisant apparaître chez ce monstre une incompréhension mêlée, je pense, d'une certaine crainte. Une fois qu'il est redevenu calme, j'ai fait un pas, puis un autre et je lui ai enfoncé ma lame dans son oeil.
Le monstre a hurlé de douleur et je me suis dépêché de retrouver le sol pour m'éloigner. Comme je lavais deviné, sesyeux étaient le centre de sa puissance et, en crevant le droit, je l'avais réduit au néant.

J'ai été payé une véritable fortune par Brakmar et mon nom était désormais célèbre. J'ai affronté d'autres monstres sur Otomaï, surtut des expériences qui avaient mal tourné, et j'ai également tué un poisson mutant dans les eaux de Sufokia. Etrangement, tout cela me semblait inutile et insipide.
Comme de nombreux aventuriers, j'ai décidé de tenter ma chance à Astrub, de voir un peu "comment c'était là-bas". J'ai été surpris. J'ai vécu dans la ville pendant quelques semaines, sans but réel et puis j'ai rencontré les Selenytes. Vous connaissez la légende, je les ai rejoint, été élevé au rang de Maître et puis les ai quittés avant de les rejoindre à nouveau. Je pense que le Clan a été pour moi la suite logique à l'enseignement de Jilano. Mêmes valeurs, mêmes idéaux, même esprit."

Vous remarquez qu'il s'arrête mais vous ne savez pas pourquoi. Est-ce terminé ? Ce serait raisonnable, toutes les légendes à son compte s'arrêtent là. Lorsque le disciple d'Ecaflip a renoncé à son existence de célèbre pourfendeur de monstres pour rejoindre un clan et une famille. C'est souvent la morale que l'on donne aux enfants quand l'histoire est finie : vous pouvez avoir toute la gloire que vous désirez, si vous n'avez pas une famille et des amis avec qui tout partager, toute cette gloire est inutile. Et les enfants s'endorment alors avec cette idée incroyable d'un héros qui laisse tout tomber pour revenir vers des sentiments plus humains comme l'amour avec Falucharde, la seule femme de la légende, l'amitié avec des disciples de Sadida ou d'Osamodas, la fraterité avec le Clan. Mais vous n'êtes plus un enfant.

C'est une bien curieuse et sombre histoire que vous avez entendue. Certains pensent la connaître, d'autres en ont entendu des bribes. D'autres encore, sans doute les plus sages, pensent qu'elle est trop vaste pour être connue d'un seul homme. De quel groupe ferez-vous partie ? Vous pouvez aussi être un de ces enfants qui jugent cette histoire merveilleuse et qui en savourent la fin comme un conte de fées. Mais non, vous êtes bien trop malin pour ça. Vous avez compris, vous avez lu dans les yeux de Drasah qu'après avoir vécu ce qu'il a vécu, faire partie du monde des humains est un luxe superflu qu'il ne peut s'accorder. Vous avez compris qu'il ne fait plus entièrement partie de notre monde. Vous savez qu'au fond, cet homme silencieux dans la taverne d'Astrub est un guerrier, il est l'ami du vent. Il est l'homme de la légende.
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