[RP Multi]Début d'une épopée

Novamaire était bien rude, cette année, et travailler à l'extérieur était un véritable acte de bravoure tant il faisait froid. L'on pouvait voir ces bûcherons qui se glaçaient le sang, tout ça pour gagner quelques sous. Mais les problèmes des petites gens n'intéressaient guère Sire Lewell Esey, qui quittait l'atelier des tailleurs d'Astrub, suivi par son compagnon Sussal Ainemi. Et, comme le noble se plaisait à dire, le malheur des uns fait le bonheur des autres :

« - Sussal, mon bon ami, vois comme les affaires marchent bien en ces temps de grands froids, riait Lewell.

- Il est vrai, Sire. Vous avez liquidé votre stock de manteaux de fourrure, et fait de très bons bénéfices. Je vous reconnais bien là.

- Certes, certes. Mais hâtons-nous ! J'ai besoin de me réchauffer et malheureusement, je n'ai pas encore acheté ces roulottes qui servent de maisons aux habitants de cette ville. Le seul endroit qui peut donc pour le moment me convenir est la maison des Selenytes. Cela m'attriste, mais c'est ma seule option. »

Les deux hommes se mirent ainsi en route vers l'antre des mercenaires. Le vent leur compliquait la tâche, mais fort heureusement nos braves compères étaient bien équipés, surtout Lewell. En effet, en plus de ces habits traditionnels, il était vêtu d'un long manteau de fourrure, probablement fait de Boufmouth, qui l'enveloppait complètement. Il semblait de grande qualité, et sa protection contre le froid ne faisait aucun doute.

La distance parcourue au sein des murs de la Cité, si courte soit-elle, leur parut durer des heures, tant le froid avait gelé leur notion du temps.

Enfin, ils arrivaient en face de l'imposante demeure. Sussal stagnait à côté de la porte, comme il avait l'habitude de le faire, attendant que son Maître sorte de la permanence. Cependant, le Maître en question, le Sire, peinait à rentrer dans la bâtisse. En effet, la porte se révélait étrangement dure à pousser, et la première tentative de notre homme s'était révélée être un échec.
Lewell rehaussait son monocle, ce dernier étant couvert de givre. Quelque peu agacé, il fallait au Sire employer la manière forte. Empoignant sa longue vue, il frappa la porte là où elle était le plus prompt à s'ouvrir : au niveau du verrou. Elle s'ouvrit alors et se claqua violemment contre le mur qui était lié aux gonds de ladite porte. Cette dernière freina alors sa course, et reprit calmement sa position initiale, à la seule différence que le gel ne la bloquait plus.

« L'accueil est décidément toujours aussi laborieux, ici, grommelait le Sire, qui rangeait ce qui lui servait d'arme. Un homme ayant ma prestance ne devrait pas avoir à faire ce genre de choses pour pénétrer dans une demeure. »

Il lorgnait l'intérieur du rez-de-chaussée. Personne. Il ressortit quelques instants pour interpeller son compagnon :

« - Sussal. Pars donc à Bonta gérer mes finances le temps que je suis ici. Je te laisse le soin de faire produire le nombre suffisant de manteaux pour subvenir à la demande. Je vais rester ici quelques temps pour me reposer un peu, je suis éreinté.

- Très bien, Monsieur, ce sera fait. Je vous souhaite un bon séjour, et reposez-vous bien. »

Lewell regardait Sussal partir, avant de retourner à l'intérieur du bâtiment mercenaire. Il s'avança, pour aller s'installer près du poêle, et constata à sa grande surprise qu'une jeune fille était allongée là, par terre, près dudit chauffage. Le Sire avait déjà croisé cette jeune femme, bien que son nom exact lui soit flou.
Il la regardait, installée là, dans son coin. Il constata qu'elle était plutôt pâle, et que son sommeil ne semblait pas tranquille, tout cela étant probablement la cause du froid qui s'était immiscé jusque dans les habitations.

Cette image lui déplaisait. L'on pouvait reprocher à l'homme de trop s'attacher à l'argent, il restait néanmoins noble de cœur et d'esprit. Il retira son manteau, et partit l'enrouler autour de la disciple de Féca.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, pensait-il alors, s'installant de l'autre côté du poêle, là où la bouche de ce dernier n'était pas orientée. Ne trouvant pas le sommeil, le Sire passait son temps en vérifiant le contenu du grand sac qu'il avait amené avec lui, au cas où il trouverait acheteur. Sa fouille s'acheva sur un regard réconfortant qu'il porta à la jeune disciple de Féca.

La nuit s'était avérée étonnamment longue pour Lewell. N'arrivant pas à trouver le repos, le noble finit par quitter la pièce mercenaire une bonne heure après son arrivée. Lorsqu'il partit, la jeune disciple de Féca était toujours là, et son sommeil semblait bien plus calme qu'auparavant. Cette idée le réchauffait, tandis qu'il allait trouver refuge à la taverne, espérant trouver quelque chose de plus confortable pour passer la nuit.

Quelques heures plus tard, dans la matinée, après un sommeil plutôt agité, le Sire finit par se réveiller. Il quitta la taverne en vitesse, comme répugné par l'endroit. Mais même dans la hâte, notre homme n'oubliait pas son business, et il avait pris soin de jeter un coup d’œil à l'horloge de la taverne avant de partir.

« Mfu. Il serait regrettable que je loupe ce rendez-vous. Tant pis, j'irai, aussi mal vêtu suis-je aujourd'hui. Il me semble que j'ai affaire à un des bijoutiers d'ici, cette fois-ci... Je dois me dépêcher. »

Pressant le pas pour ne pas arriver en retard, notre homme arriva là où il avait rendez-vous avec ledit joaillier, dans les quartiers sud d'Astrub.

« Bonjour. J'ai demandé à rencontrer un des bijoutiers de cette ville, est-ce bien de vous dont il s'agit ? »

L'homme se retourna, et s'étonna de la question, en voyant qui lui adressait la parole.

« Pardonnez-moi, mais il était stipulé que l'homme avec qui j'allais avoir affaire était un noble de Bonta, je ne pense pas que vous soyez cette personne. Maintenant, laissez-moi tranquille, je n'aime pas être importuné. »

Il est vrai que la tenue de Lewell ne faisait guère penser à une personne de la Haute de Bonta. Son costume était rouge flamboyant et fait d'or à quelques endroits. L'on aurait plus pensé à un habitant de Brâkmar à première vue.
Étrangement, Lewell n'avait pas perdu patience et avait gardé un calme olympien, contrairement à comment il aurait pu se comporter habituellement.
Il sortit de sa poche une magnifique montre à gousset, dont le sceau de la maison Esey était gravé sur le couvercle. Le Sire montra alors l'objet au bijoutier :

« - Cette preuve vous convient-elle ? questionna Lewell, d'un air las.

- Qu'est-ce donc, encore ? Ne vous avais-je pas dit de déguer... Oh ? Mais ? Incroyable ! Acceptez mes plus sincères excuses, Monsieur. Comprenez qu'en ces temps, de malhonnêtes gens n'hésitent pas à se faire passer pour d'autres et...

- Passons, continua Lewell, ne laissant pas son interlocuteur finir sa phrase. Que vous me preniez pour un bandit est une chose, mais j'ai un commerce à faire tourner et des coffres à remplir. Entrons donc dans le vif du sujet.

- Ah, mais bien sûr, je vous prie de m'excuser ! Bien, je vous écoute concernant ce que vous avez à vendre... »

Les deux hommes discutèrent plutôt longtemps pour une vente, mais Lewell était un homme convaincant qui savait obtenir les meilleurs prix, quel que soit le temps à investir.
Le Sire finit par quitter le joaillier, la transaction étant terminée. Ce dernier venait de prendre une commande de talismans, anneaux et autres amulettes dont la fabrication provenait des industries Esey.

Il restait cependant au Sire encore une chose à régler à Astrub avant qu'il ne puisse retourner à Bonta : revenir dans les bâtiments Selenytes afin de voir si la jeune fille de la veille était toujours là, et si elle était prête à lui rendre son manteau - manteau auquel il tenait énormément.

Sur le chemin, il engagea un jeune messager et lui remis une lettre destiné à son valet Sussal Ainemi. Bien évidemment, le contenu était laissé secret, mais l'on pouvait aisément deviner que le noble demandait à son acolyte de faire préparer le nombre suffisant de bijoux pour qu'ils soient envoyés dans les plus brefs délais à l'orfèvre d'Astrub.

Toujours rongé par le froid qui avait annexé la région, le Sire accéléra la cadence pour arriver au plus vite chez les Selenytes.

Il finit par y arriver. La porte n'était pas gelée, et il pu aisément rentrer. Deux personnes se trouvaient là, situées, fort logiquement, près du poêle. Le noble nota cependant la présence de la fille de la veille.
L'homme avait froid, mais il ne pouvait rien laisser paraître, statut social oblige. Il alla s'installer sur un des tabourets, ne lâchant qu'un « Bonjour », puisqu'il avait constaté que les deux personnes déjà présentes avaient débuté une conversation.

Le Sire s'étonna de la question du mercenaire, qui, selon ses souvenirs, s'appelait Tegalad. N'y prêtant cela dit pas plus attention, c'est d'un air distrait qu'il lui répondit, tout en regardant sa montre à gousset pour voir quelle heure il était :

« Mfu. Je vous remercie, mais je n'ai pas faim, et je n'ai pas l'habitude de manger des mets si... communs. Je crains pour mon palais, voyez-vous. Mais servez-en donc à la jeune dame ici présente, je pense qu'elle en aura bien plus besoin que moi, souriait-il, regardant sa montre. »

En réalité, l'homme n'avait pas mangé depuis la veille, par faute de temps. Bien heureusement, le Sire n'avait pas faim. Au fil des années, il avait appris à se passer de manger pendant plusieurs jours consécutifs, lorsqu'il était militaire d'abord, puis lorsqu'il est devenu homme d'affaire par la suite.

Loin de penser à se remplir la panse, Lewell se demandait quand est-ce que sa lettre parviendrait à Sussal, et quand est-ce que celui-ci allait répondre à sa demande. Le temps était compté après tout, le noble personnage ne sachant pas combien de temps la jeune Ika allait rester ici.

Écoutant et regardant faire le jeune mercenaire, Lewell sortit un mouchoir d'une de ses poches afin de nettoyer son monocle, couvert de buée. Le replaçant ensuite sur son œil droit, il jeta un regard à la table avant de s'adresser à Tegalad :

« Écoutez, vous êtes médecin et mercenaire : grand bien vous fasse. Je vous ai affirmé que je ne goûterai pas à votre cuisine, pourtant je constate que vous disposez assez de couverts pour trois personnes.
Aussi généreuse soit votre proposition, je l'ai refusée et je ne reviendrai pas dessus, foi d'Esey. Inutile d'insister. »

Il désigne Ika.

« Mettez-lui donc une double ration, voyez comme elle fixe vos pommes de terre qui sont dans le poêle. Elle semble apprécier vos mets autant que la chaleur de mon manteau. »

Rehaussant mécaniquement son monocle avant de se lever, il quitta son tabouret afin d'aller s'installer sur un des canapés.

Le Sire n'eût pas le temps de finir de s'asseoir : la jeune Ika se mit à lui parler. Il s'arrêta une seconde afin de l'écouter, puis continua son chemin vers le canapé. Il s'installa confortablement, les jambes croisées, et les coudes sur le dossier. Il souriait d'un air presque malicieux. Étrangement, en adoptant cette pose, il avait perdu son côté bourgeois qui le caractérisait tant et c'est son passé de militaire qui semblait refaire surface. Cependant, cela ne dura que quelques instants, avant que Lewell n'adopte une posture bien plus noble. Il s'adressa ensuite à Ika :

« Eh bien, jeune fille. Que vous arrive-t-il ? Vous étiez là, installée bien paisiblement, et voilà que vous vous mettez à bondir tout d'un coup en me sommant d'attendre pour je ne sais quelle raison. Tout de même, vous m'avez surpris, moi qui pensais que vous étiez sur le point de vous endormir.
Mais, je vous en prie, de quoi voulez-vous donc parler ? Si vous voulez m'acheter ce manteau, je crains que cela ne soit impossible, il m'est trop cher, comprenez.
Rassurez-vous, nous avons le temps de discuter, je n'ai pas l'intention de partir si c'est cela qui vous inquiétait. Je cherchais juste un endroit plus douillet pour m'installer, comme vous pouvez le voir. »

Long et périlleux ? D'où pouvait bien être originaire la jeune fille pour que le voyage, partant d'Astrub, soit long et périlleux ? Le Sire, ayant été amené à beaucoup voyager au cours de sa vie, avait bien évidemment quelques lieux en tête.
Une fois le discours d'Ika terminé, Lewell lâcha un petit rire, qui s'intensifia pendant quelques secondes.

« Mfuhuhuhuhuhu... D'abord les flatteries, ensuite vous tentez de me faire monter l'eau à la bouche en me parlant d'un objet unique qui serait en votre possession... puis les flatteries, une fois de plus. Mfuhuhuhu ! »

Le Sire se coupa en plein rire tout en se levant du canapé, brusquement. Il saisit ensuite son manteau.

« Aborder ainsi une personne de mon rang pour lui demander de vous accompagner dans vos aventures... Voilà qui est osé, mfuhuhuhuhu ! Vous m'intéressez, jeune fille ! Mais, dites-m'en d'abord plus au sujet de cette expédition, comprenez que je n'aimerais pas être embarqué dans n'importe quelle péripétie... »

Lewell semblait revivre. Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de partir en voyage avec des personnes autres que son fidèle ami Sussal. Son quotidien qui était devenu bien morne et sans vie allait peut-être, ne serait-ce que quelques jours, changer. Il termina :

« Toutefois, si votre trajet est comme vous le décrivez, alors il est clair que nous aurons besoin, non pas nécessairement d'un mercenaire, mais au moins d'un médecin, dit-il, se tournant vers Tegalad. Seriez-vous intéressé, Tegalad ? Si vous acceptez de venir et si la destination de cette virée me convient, alors je vous paierai, si argent vous réclamez.
Comprenez qu'il serait embarrassant que moi, noble personne s'il en est, soit traîné dans cette excursion comme un simple prolétaire que l'on pose aux côtés de ses semblables à bord d'une calèche. Non, je souhaite financer cette expédition. Ainsi, vous n'aurez besoin de vous soucier que du chemin à suivre, ma chère... Hum, pardonnez-moi, mais quel est votre nom, jeune fille ? »

L'homme avait l'art et la manière de faire cacher ses sentiments par ses beaux discours nobles. Il était évidemment qu'il ne souhaitait pas voir la jeune Ika s'endetter à cause du voyage, tout en sachant qu'elle avait visiblement à peine de quoi se payer de quoi se chauffer proprement. Et puis, peut-être sera-t-il amené à faire quelques affaires là où ils s'en iront ? Nul ne le sait, tout du moins, pas le Sire.

« Ne précipitons pas les choses, voulez-vous, s'exclama Lewell. Tout d'abord, je ne pourrai pas partir avant demain, je vous propose donc de patienter quelque peu avant tout départ hâtif. Ensuite, nous ne savons toujours pas où nous allons et ce pourquoi vous avez besoin d'aide : ce n'est pas juste pour me montrer un objet de valeur, au moins ? J'attends bien de vous que vous répondiez à ces questions, Ika. »

Boutonnant son manteau, il continua sur sa lancée, se tournant vers la jeune Ika :

« Si vous n'êtes pas pressée, nous pouvons de suite nous mettre en route pour Bonta, ainsi nous pourrons y passer la nuit et nous préparer pour le voyage que vous jugez si ardu. Ma demeure dispose de chambres supplémentaires pour les invités, et vous pourrez tous deux vous reposer et vous nourrir comme il se doit. Le trajet vers Bonta vous donnera l'occasion de répondre à mes interrogations, jeune fille. Il nous est également possible d'emprunter le zaap de cette ville pour nous y diriger plus aisément, et ainsi gagner du temps, c'est à vous de voir. »

Le Sire tourna les talons afin d'emprunter la sortie.

« Puisque vous êtes d'accord, alors partons sans plus tarder. Nous pourrons discuter une fois chez moi : personne ne pourra venir nous importuner. »

Il s'emmitoufla dans son manteau et se mit en marche avec une destination en tête : le zaap d'Astrub.

« Contentez-vous de prendre le zaap en direction de Bonta, dit-il avant de sortir. Je vous guiderai là-bas une fois que nous serons tous arrivés. »

Demander un coup de main ou tout garder pour soi en prenant le risque de ne rien toucher ? C'était un dilemme que Tegalad ne se posa qu'un court instant. Autant en faire profiter le Clan. Sans dire un mot et même si Ika se dirigeait déjà vers la porte, il sortit plusieurs parchemins et écrivit un court message à l'intention des différents mercenaires.

Une fois les messages envoyés par tofu, Tegalad se leva à son tour pour suivre Ika et Lewell. Il donnerait un point de rendez-vous plus tard aux personnes intéressées.


- Je vous suis. Si d'autres veulent nous rejoindre, ils nous retrouverons ailleurs.

Il reprit sa cape laissée sur le rebord d'une chaise et se posta à côté d'Ika. L'aventure allait commencer, même s'il ne savait pas où il allait.


[HRP]

Mercenaires, à vous de vous manifester si vous souhaitez rejoindre ce RP. Je pense qu'on pourra prendre les retardataires aussi.