A l'heure où les honnêtes gens rentrait retrouver leurs familles, celle ou les commerçants fermaient boutique, un homme descendait d'une voiture tirée par deux dragodindes près de la banque de Bonta, une fois le cocher payé il jeta un regard aux alentours faiblement éclaires à cette heure tardive, puis vers le bâtiment surmonté d'un kamas avant d'en gravir les marches.
Arrivé au sommet il entra par la grande porte où l'on pouvait voir s'agiter des hiboux derrières leurs contoirs.
Dix minutes plus tard quand il en ressortit Maugrim était toujours là, assit sur un banc non loin. La cible redescendit les marches avec une mallette dans sa main droite et se dirigea vers le quartier résidentiel de la ville plus au sud. Maugrim lui emboita discrètement le pas de loin - il y avait peu de passant et mieux valait rester discret - il sentait comme à chaque fois l'adrénaline monter dans ses veines, c'est ce qu'il aimait dans les assassinats :
Suivre sa cible, se rapprocher discrètement, insidieusement, et ne lui laisser d'autres échappatoire que la mort. Chaque exécution était une œuvre d'art en soit et Maugrim aimait plus que tout le moment où il pourrait lire le désespoir envahir les yeux du mort, la douce terreur de la mort. La proie se savait condamnée mais ça ne l'empêchait pas de se rattacher aux lambeaux de vie qu'il lui restait.
Ils arrivaient maintenant au bout de la rue, l'homme qui se nommait en fait Arsoufe s'engagea sans hésitation dans la suite de rue, Maugrim le précédait, comme son ombre il se faisait discret. Pour une raison ou une autre la cible s'emblait pressée, bientôt son pas s'allongea, Maugrim s'inquiéta et en fit autant.
M'a t'il repéré ? Certaine personne ont un sixième sens qui leur fait sentir le danger. Qui sait, on est à la fin du mois, il rejoint juste sa famille avec la paye du mois ou pour une autre raison futile.
On était maintenant au milieu du dédale de ruelles que constituait Bonta.
Maugrim avait décidé que la vie de cet homme s'arrêterait maintenant. Le moment de l'action était enfin arrivé. Maugrim sentit un frisson parcourir sa nuque, de sa main droite il tata le poignard accroché par deux lanières de cuir à l'intérieur de sa manche gauche, de sa mains il épousa le manche usé par l'usage, et même si il était salie par la sueur et le sang, la lame elle restait toutes aussi effilée qu'au premier jour.
L'homme était maintenant dans une petite rue au sol pavé, alors qu'il s'apprêtait à tourner à l'angle de la suivante, Maugrim fit tomber une des poubelles en bois située sur la base coté.
Elle produisit un son matte en heurtant le sol et roula jusqu'aux pied de l'homme.
Arsoufe se retourna, posa sa mallette et demanda :
- Eh ! Ca va rien de cassé mon garçon ? Que fait tu si tard ici ? C'est dangereux.
Il se pencha pour remettre la poubelle en place et alors qu'il se relevait ajouta :
- Et bien répond, je ne vais pas te manger garçon.
La violence du mépris qu'il lut dans les yeux de l'enfant le fit reculer d'un pas. Ses yeux venait de plonger dans un océan d'horreur.
- Pauvre homme, le moment de ta mort est arrivé, n'y voit rien de personnel surtout.
Alors que l'homme se redressait Maugrim saisit son poignard dans sa main droite qu'il ramena derrière son épaule pour le lancer. Arsoufe tenta inutilement de saisir sa valise pour l'utiliser comme un bouclier. Il tomba à la renverse quand la lame se ficha dans son épaule droite, la valise décrivit une courbe et en tombant s’ouvrit laissant choir un tas de pierres précieuses et de bijoux. Maugrim sortit un second couteau de sa botte droite et s'avance sans bruit.
Il était au-dessus d’Arsoufe qui tentait tant bien que mal d'endiguer le flot de sang. La terreur qu'il lisait dans ses yeux l'emplit d'une joie sauvage et c'est avec un sourire carnassier aux lèvres qu'il lui trancha la gorge.
Huit heures plus tard la milice découvrit un cadavre dans une rue de Bonta, étrangement les lingots d'or dans la valise n'avaient pas étaient volés et malgré une enquête poussée et un rapprochement avec une affaire précédente aucun coupable ne fut arrêté.