Message plus ou moins subtil.

Assise à l’un des tabourets faisant face au comptoir une petite silhouette s’impatiente. Elle ne compte plus les heures qu’elle a passées à attendre dans cette demeure depuis qu’elle a appris que les Selenytes en ont fait leur QG. Enfin c’est ce qui se dit dans la rue, car de Selenyte, elle n’en voit même pas l’ombre, et ça depuis plusieurs mois. Un énième soupir s’échappe de ses lèvres.


Elle jette un œil sur les papiers et lettres s’entassant sur le comptoir en bois … Non jamais elle ne s’abaisserait à faire ça.
Portant sa main à sa ceinture, elle tire d’un geste rodé par l’habitude une courte lame. Le fil de celle-ci effleure la table avant d’être enfoncé avec brutalité dedans, formant quelques lettres, se transformant ensuite en une phrase.

« Y’A QUELQU’UN ?!!? «


Fière de son idée, la demoiselle regarde autour d’elle, faisant la moue en constatant que d’autres gratifies décorent déjà le comptoir. Elle soupire et se redresse souplement, commençant a racler le bois pour effacer les anciennes traces, ne laissant que la sienne.

Un grand doute prend Sylindiah quand elle aperçoit une réponse. Il est tôt, elle vient à peine de se réveiller et ne s’attendait pas du tout ce qu’un mercenaire trouve son message aussi rapidement, étant donné qu’elle n’en voit jamais dans cette salle.

Elle se penche au dessus du comptoir en plissant les yeux … Non, décidément ce n’est pas une réponse …. Quoi que … Elle s’interroge, hésite un instant avant de finalement prendre de nouveau sa lame pour graver quelque chose de lisible.

« T’ES MORT ? »

Caressant du bout du doigt les lettres elle reste dubitative. La trace laissée par son prédécesseur ressemble plus à une menace qu’à autre chose.

Bah, tant pis, elle verra bien quand on lui répondra.

La jeune Maître entra dans la nouvelle permanence, une chope encore fraîche à la main.
"Une aubaine que la taverne ne soit pas bien loin, héhé ! voila de quoi bien commencer l'après midi, avant toute cette paperasse..."
Elle posa son godet sur le comptoir, s'avança vers l'armoire et en tira quelques vieux parchemins, couverts de formules étranges.

"Non mais j'te jure, la matière serait vraiment faite de petites particules ? De quoi en boucher un coin à tout le monde lors des banquet familiaux ! La théorie des éléments serait remise en cause et... Aaaaah ! je sens que je n'ai pas fini..."
Joignant le geste à la parole, elle tourna quelques pages de l'imposante pile de manuscrits.

"J'ai l'gosier sec, inutile de continuer d'estudier dans de telles conditions !"
Elle souleva sa chope, et la vida à moitié.
Faisant attention où elle la reposait, afin de ne pas abîmer ses feuilles, elle aperçut de drôles de marques sur le comptoir, du moins de nouvelles qu'elle n'avait encore jamais vu.

Elle lu les courts messages. Le "ouer" laissé en guise de dernière réponse était pour le moins inquiétant. D'ordinaire, les personnes présentes savaient globalement bien écrire. De plus, cette trace de sang absorbée par le bois ne lui laissait présager rien de bon.

Se remuant les méninges quelques secondes, un doute persista.
elle s'empara donc de la fine lame qu'elle dissimulait au niveau de sa cheville, et inscrivit à la suite :

Seriez-vous donc un Esprit ? Un Etre immatériel revenu de l'au-delà ?!


Voici qui pourrait, de nouveau, montrer que seuls les éléments étaient à l'origine de tout et, par la même, condamner un pauvre sot au bucher.

Après un long bâillement Sylindiah porte sa main à sa joue, commençant à la frotter avec ennui. Une roulée presque entièrement consumée coincée entre son index et son majeur, elle observe le comptoir de l’hôtel de métiers.
M’nan … Décidément elle y pigeait rien.
Elle coince son joint entre ses lèvres, tirant une longue bouffée avant de retourner observer les marques laissées. Son regard dérive sur le côté tandis qu’elle hausse un sourcil en remarquant le drap. La disciple de Sacrieur esquisse un sourire amusé juste avant d’écraser son mégot sur le tissu blanc, y laissant une belle trace.

Se saisissant encore de sa lame, elle se décide à laisser un autre message, plus ou moins recherché.


« T’ES MERCENAIRE ? »

Après une brève hésitation elle raye la première partie pour se corriger, après tout les deux écritures ne semblent pas être les mêmes.

« T’ES VOUS ÊTES MERCENAIRE ? «

… Non, ça ne convient toujours pas.

« T’ES VOUS ÊTES MERCENAIRE ? SELENYTES ? »

Paaaarfait, admirant son œuvre, elle sourit de plus belle.

Dans un raclement bruyant, Sylindiah vient maladroitement tirer le tabouret sous elle, s’installant face au comptoir pour observer celui-ci avec toute l’attention que son état lui permet d’avoir. Passant le bout de son index sur les lettres gravées elle se mordille machinalement la lèvre inferieure … Ouais, on se fout de sa gueule. Contre toutes attentes un grand sourire vient naître sur ses lèvres tandis qu’elle relit depuis le début ce simulacre de correspondance.

« Y’A QUELQU’UN ? »

Du sang et une esquisse de réponse

Hum … Peut-être qu’en fait l’autre s’est juste coupé en essayant de graver comme elle ? Heeey, pas bête. Elle sourit de plus belle, fière de sa logique qu’elle considère comme brillante.

« T’ES MORT ? »

« OUER »

L’autre est donc parti après avoir tenté de répondre, mais est revenu après et lui a laissé cette gravure énigmatique. Prise d’un sursaut de perspicacité la demoiselle vient à se demander s’il n’a pas écrit ce message alors qu’il savait qu’il était en train de mourir.

« Seriez-vous donc un Esprit ? Un Etre immatériel revenu de l’au-delà ?! »

La disciple de Sacrieur n’a pas eu le temps de passer entre les deux messages, son inconscient lui dicte d’ailleurs que ces deux messages on été écrit dans un faible intervalle de temps … Se pourrait-il que …

Un éclair de génie traverse son esprit tandis qu’elle comprend enfin. C’est cette personne qui a parlé d’esprits qui a du tuer l’auteur du « ouer » !
Elle se frotte la nuque en soupirant, la voilà mêlée a une histoire de meurtre … Elle relit attentivement le message. Il y a une majuscule à « esprit » ce n’est sans doute pas un hasard. Ce doit être un nom de code ou quelque chose de ce genre.

Et la nappe … Nappe blanche, linceul … Oui, tout concorde.

Ensuite la lettre du mercenaire, celui-ci ne doit pas être au courant et courre certainement un grave danger. Ne semblant pas s’inquiéter plus que ça pour le sort du Selenyte elle continue son analyse.

« Cachés »

Là, oui, on se fout de sa gueule, elle l’avait deviné sans chercher bien longtemps.

Et enfin la réponse à la suite du parchemin … Hum, ça, ça ne semblait pas contenir de sens cachés.

Lâchant un long soupir Sylindiah attrape son stylet, rajoutant de nouveau quelques traits dans le bois, formant d’une écriture maladroite un :

« VOU AVÉ TUÉ LE « OUER »? »

Bon c’est pas tout mais elle est bien fatiguée, ‘serait temps de dormir.